Guido Santullo: « Même les banques refusent les factures de l’Etat »

Direct Infos : Monsieur  Santullo,  vous avez signé le 15 octobre 2015 avec le gouvernement, un protocole d’accord pour l’apurement de plusieurs créances en souffrance de l’Etat vis-à-vis de votre groupe.  Quel est le montant que vous avez dejà perçu ?

Guido SANTULLO : Nous avons signé un protocole d’accord le 15 Octobre 2015 qui portait sur 42 milliards de francs.  Nous avons touché dans un premier temps  11 milliards 900 mille francs et ensuite 5 milliards de francs. Dans cet accord, l’Etat devait nous donner des billets à ordre signés par la Banque centrale et que nous pourrions escompter dans les banques de la place. Mais l’Etat n’a pas donné les billets à ordre. Ils ont modifié le compromis et ils ont préféré opter pour l’échéancier de chaque mois soit 5 milliards de francs. Nous avons eu plusieurs points dans cet accord tels que le pont de Kango, la vérification des factures en suspend de 62 milliards de francs. Mais, nous sommes dans l’attente d’une réponse définitive car cela fait énormément de frais en ce moment. Il est aussi à noter qu’aucune mission de contrôle n’a été effectuée jusque là dans nos différents chantiers comme cela avait été prévu pourtant dans le protocole d’accord. Le seul chantier à avoir eu des missions de contrôle est celui de Ndendé-Mouila. Sur les 1400 ouvriers que nous avions naguère sur nos chantiers, il n’en reste plus que 400 car nous avons été contraints de les licencier faute de moyens.

Allez-vous entamer  un nouveau « bras de fer » avec le gouvernement gabonais ?

On était lancé dans un « bras de fer ». Comme vous le saviez,  nous avions entamé des procédures au niveau des tribunaux sur Paris. Toutefois, nous avons suspendu ces procédures. Par ailleurs, l’Etat nous a demandé de trouver des banques pour faire le financement de certains chantiers. Mais les choses ne pas sont claires.

Mais vous êtes sans ignorer que la situation économique du pays est assez tendue avec  la baisse du prix du baril et par conséquent des recettes de l’Etat. Vous n’êtes pas la seule entreprise dans ce cas. Comprenez que l’Etat gabonais aussi se retrouve dans des difficultés…

C’est vrai qu’en ce moment, il y a des difficultés financières. Mais, vous devriez savoir que ce budget a été voté ! On ne peut pas voter un budget à l’assemblée s’il n’y a pas d’argent. Pour le premier accord, nous avons fait des saisies même sur Paris pour rester en bon terme. Les banques refusent même les factures de l’Etat. Si le président et ses collaborateurs ont la volonté,  ils doivent maintenant appliquer ce qu’il y a à faire.

Nous voyons que vous investissez à nouveau au Gabon avec la construction de nouveaux bâtiments. Cela n’est-il pas la preuve que vous avez confiance, malgré tout,  au gouvernement gabonais ?

Oui effectivement ! C’est la raison pour laquelle nous avons lancé la construction de ces deux tours pour un coût de 75 milliards de francs. Ces tours finiront dans 3 à 4 mois. Il faut souligner que la location devient difficile en ce moment. Si on repartait 5 ans en arrière, les choses allaient bon train. Mais les problèmes financiers mettent aujourd’hui un frein au processus d’investissement.

A quoi serviront ces tours ?

Les bâtiments sont faits pour usage de bureaux et logements. Il y aura aussi des espaces commerciaux  de 12000m2 et un parking qui sera aussi en location.

En définitive, quel message souhaitez-vous adressez au gouvernement ?

Je veux que les choses s’améliorent et que nous arrivions à trouver des solutions adéquates pour pallier à tous ces soucis. Car il serait aberrant de passer 17 à 18 ans sur des choses pareilles.

Avec votre expérience, avez déjà été confronté à ce genre de situations dans d’autres pays africains ?

Nous avons eu des chantiers similaires en Guinée Conakry  qui est un pays pauvre mais qui a honoré tous ses engagements financiers vis-à-vis de nous. Nous avons aussi eu des chantiers au Bénin, en Guinée Bissau, et au Mali…Les choses se sont bien passées sauf au Congo où nous avons aussi eu quelques difficultés.

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La Redaction

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