« L’Etat gabonais n’est pas en cessation de paiement »

Aux affirmations de l’ancien président de l’assemblée nationale Guy Nzouba-Ndama sur RFI de la situation très critique des finances publiques, le ministre du Budget et des Comptes publics ne veut pas céder à ce pessimisme exagéré et de mauvaise foi, indique t-il dans une interview accordé au quotidien l’Union. S’il reconnaît que la crise pétrolière actuelle impacte tous les pays du monde entier y compris le Gabon, il se félicite néanmoins des mesures audacieuses prises par l’exécutif, lesquelles garantissent à ce jour le paiement régulier des salaires, le financement de la scolarité de ses élèves ou encore la poursuite des grands chantiers comme celui de la Can 2017.

Entretien 

Monsieur le ministre, l’ancien président de l’assemblée nationale Guy-Nzouba Ndama et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle de 2016  a affirmé sur les ondes de RFI que le Gabon serait en situation de cessation de paiement. Quelle est la réaction du ministre du Budget et des Comptes Publics suite à ces déclarations ?

Christian Magnagna : Tout d’abord, au nom du gouvernement, je voudrais m’indigner du contenu fallacieux des propos tenus par celui qui, resté président de l’Assemblée nationale pendant presque vingt ans, est associé aux textes législatifs adoptés par l’institution qu’il présidait et également comptable des difficultés structurelles qui ont miné notre Etat durant cette période de par sa position dans la chaîne des décideurs et leaders publics. Aussi, dans un régime constitutionnel tel que le nôtre, le Président de l’institution chargée de  voter les lois, dont les lois de finances, et de contrôler l’action du gouvernement, donc de donner quitus de sa gestion à ce dernier, peut il s’exonérer, par des déclarations radiophoniques, de sa responsabilité dans la situation politique et économique que traverse notre pays ? Poser la question c’est y répondre implicitement. Ensuite, pour édifier l’opinion publique nationale et internationale sur son affirmation d’une situation de cessation de paiement de l’Etat gabonais, je voudrais y répondre par quelques questions qui valent des démentis.

On vous écoute…

Premièrement, un Etat en cessation de paiement peut-il assurer régulièrement, à dates échues, les paiements des traitements de ses agents, des pensions de ses retraités, des bourses scolaires et estudiantines comme le fait notre pays à ce jour ? Deuxièmement, un Etat en faillite peut-il assurer le financement de la scolarité de ses élèves, des examens et concours de ses établissements scolaires et universitaires comme nous l’avons fait l’année dernière et comme nous continuons à le faire à ce jour normalement ? Troisièmement, un Etat en faillite peut-il continuer à financer ses missions intérieures et extérieures comme nous le faisons à ce jour ? Et enfin quatrièmement, un Etat en faillite peut-il lancer des vastes chantiers comme ceux de la CAN 2017 et de la préparation des échéances électorales de 2016 comme nous le faisons maintenant, sans dons extérieurs ? Répondre à ces quelques questions par la négative c’est prouver et démontrer que les caisses de l’Etat Gabonais ne sont pas vides. Il est par conséquent évident que l’Etat gabonais n’est pas en cessation de paiement. Donc lorsque M. Nzouba Ndama affirme que le Gabon est en cessation de paiement, il prétend alors qu’il n’a pas perçu ses émoluments de PAN jusqu’à sa démission, il nie le fait que les fonctionnaires gabonais sont régulièrement payés le 25 de chaque mois et qu’ils le seront de nouveau le 25 avril, il feint d’ignorer qu’en dépit d’un contexte difficile, l’Etat continue d’honorer ses engagements internationaux et d’œuvrer à la résorption de sa dette à l’égard de ses fournisseurs.

Dans ce cas, Monsieur le ministre, qu’est-ce qui peut motiver la teneur de tels propos ?

En fait, quand M.Nzouba Ndama croit critiquer l’optimisme du Chef de l’Etat et de ses collaborateurs, il est en réalité surpris par la détermination des hommes et de femmes qui font face avec courage et abnégation, aux vents contraires de la crise économique mondiale actuelle. Car, est-il encore besoin de dire que la conjoncture économique et financière internationale du moment est une réalité? Tous les experts financiers reconnaissent qu’elle n’épargne aucun Etat et met à l’épreuve tous les gouvernements du monde, notamment les pays émergents et en voie de développement. Notre pays irait ainsi à vau-l’eau si des mesures audacieuses de réduction du train de vie de toutes les institutions de l’Etat n’avaient pas été prises par le gouvernement. Manquant probablement de patriotisme, M.Nzouba Ndama a cru ne pas devoir supporter l’effort collectif, préférant présenter sa démission. Il est donc évident que la volonté réformiste du Chef de l’Etat gêne certains « privilégiés ».

Alors qu’en est-il de la réalité ? L’Etat éprouve t-il vraiment des difficultés à régler ses charges ?

Ni le Chef de l’Etat, ni le gouvernement n’ont jamais nié les difficultés financières que traverse le Gabon à l’instar de tous les pays producteurs de ressources naturelles, notamment le pétrole, sur tous les continents. En revanche, le gouvernement fait observer que grâce aux décisions des réformes courageuses et clairvoyantes initiées par le Président de la République et menées par le gouvernement, notre pays supporte bien mieux que d’autres, les secousses dues à l’effondrement des cours des ressources naturelles. Cependant, malgré cet environnement globalement pénalisant, le gouvernement, sous la très haute inspiration du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, demeure ferme sur son engagement à réformer en profondeur le fonctionnement de notre Etat, afin de le rendre plus apte à satisfaire les besoins du peuple gabonais, comme en témoignent les faits suivants en matière de gestion des finances publiques : le passage à un mode de budgétisation axé sur les objectifs de performance et les résultats ; l’adoption d’un corpus de règles juridiques garantissant une totale transparence et un contrôle rigoureux de la gestion des finances publiques, ou encore la rationalisation de la gestion des personnels et des structures administratives en vue de la maîtrise des charges publiques, etc.

apropos de l auteur

La Redaction

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