Afrobarometer : « Au Gabon, la police est largement perçue comme corrompue et peu fiable »

DIG / Selon une enquête Afrobarometer publiée le 28 août 2025, la corruption reste l’un des principaux défis socio-économiques du Gabon.

Les résultats de l’enquête montrent que la police est largement perçue comme corrompue et peu fiable. Peu de citoyens ont estimé que la police agit avec professionnalisme et respecte les droits des personnes, tandis que la majorité des répondants ont déclaré qu’ils arrêtent les conducteurs sans raison valable et font un usage excessif de la force, tant envers les manifestants qu’envers les criminels présumés.

Environ un tiers des citoyens ont estimé que la police se livre fréquemment à des activités illégales.

Parmi ceux qui avaient interagi avec la police au cours de l’année écoulée, nombreux sont ceux qui ont déclaré avoir dû verser des pots-de-vin. Dans un contexte d’insécurité généralisée, les citoyens gabonais ont désapprouvé massivement les performances du gouvernement en matière de réduction de la criminalité.

Résultats

▪ Près des deux tiers (64%) des Gabonais ont déclaré s’être sentis en insécurité dans leur quartier au moins une fois au cours de l’année écoulée. Plus de quatre sur 10 (44%) ont dit avoir craint un acte criminel à leur domicile. o Les résidents urbains et les citoyens pauvres étaient plus susceptibles de signaler ces expériences d’insécurité que les répondants ruraux et plus aisés.

▪ Environ un sur 10 citoyens (9%) ont déclaré avoir sollicité l’aide de la police au cours de l’année écoulée. Six fois plus (54%) ont rencontré la police dans d’autres situations, comme aux points de contrôle, lors de contrôles d’identité ou de contrôles routiers, ou encore lors d’une enquête.

Parmi les citoyens qui ont demandé l’aide de la police, 61% ont dit qu’il a été difficile d’obtenir l’aide dont ils avaient besoin et 51% ont affirmé avoir dû payer des pots-de-vin.

Parmi ceux qui ont rencontré la police dans d’autres situations, 35% ont déclaré avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des problèmes.

▪ Presque tous les citoyens (99%) ont estimé qu’au moins « certains » policiers sont corrompus, dont 68% qui ont affirmé que cela s’applique à « la plupart » ou à « tous » les policiers – la pire évaluation parmi toutes les institutions et tous les dirigeants interrogés dans l’enquête.

Afrobarometer souligne que la lutte contre la corruption, notamment à travers le renforcement des institutions de contrôle et la modernisation des services publics, est désormais une condition incontournable pour améliorer le climat des affaires et stimuler la croissance.

La perception d’intégrité des institutions apparaît ainsi comme un levier essentiel de relance économique et de gouvernance.

 » Dans le cadre d’une tentative de réforme suite au coup d’Etat d’août 2023 au Gabon, le gouvernement de transition a annoncé une restructuration des forces de police.

En mai 2025, le Ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a décrit les objectifs de la réforme comme le renforcement des capacités opérationnelles pour lutter contre le crime organisé, les violences sexistes et les violations des droits humains.

Les réformes comprennent la création de nouvelles unités spécialisées, la formation et le déploiement de 944 sous-officiers, ainsi que le recrutement de plus de 1.000 agents actuellement en formation (Ministère de l’Intérieur, 2025) », indique Afrobarometer dans son enquête.

 

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La Redaction

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