DIG / Les députés de la Transition viennent d’adopter, sans connaître la liste des bénéficiaires, une loi d’amnistie générale présentée comme un geste de « réconciliation nationale ».
Ce vote, intervenu en commission puis en plénière, soulève de graves questions de transparence et de responsabilité démocratique.
Comment peut-on voter une mesure aussi sensible — qui efface des infractions, libère des prisonniers et réhabilite des figures politiques — sans savoir qui en bénéficiera ?
L’absence d’une liste nominative officielle, même provisoire, transforme cette amnistie en choc institutionnel imprévisible, ouvrant la porte à toutes les spéculations.
Pour ses défenseurs, il s’agit de tourner la page des « contentieux politiques » hérités du régime Bongo.
Mais dans un pays où la justice est perçue comme un outil de règlement de comptes, cette opacité nourrit le soupçon : S’agit-il d’une réconciliation… ou d’un marchandage entre élites ?
Pire, cette amnistie risque de priver les victimes de crimes économiques ou de violations des droits humains de tout recours, sans qu’elles aient été consultées ni même informées.
En votant à l’aveugle, les députés ont trahi leur rôle de représentants critiques du peuple.
Une loi d’amnistie peut être légitime — mais seulement si elle est claire, ciblée, débattue publiquement et assortie de garde-fous contre l’impunité.
Sans cela, la « réconciliation » ne sera qu’un cache-misère politique — et la transition, une refondation de façade.



