DIG/ Les justifications un peu alambiquées du porte-parole du gouvernement, Nanette Longa, prétextant la volonté de« l’exécutif de renforcer la cohérence des portefeuilles ministériels » n’avait convaincu personne.
Selon les informations de la Lettre du Continent, Christian Magnagna doit son limogeage express de son poste de ministre des Mines le 30 janvier dernier à un accord secret conclu avec le groupe de BTP espagnol Eurofinsa sans que le gouvernement, ni même l’Agence judiciaire de l’Etat, en aient été informés.
L’ex-ministre aurait fait fi des procédures légales et aurait engagé l’Etat dans le règlement d’une somme de 36 milliards de francs.
En effet, en litige devant la cour international d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale à Paris, le procès opposant l’Etat gabonais au groupe BTP espagnol Eurofinsa, devrait s’ouvrir au mois de mars.
La multinationale espagnole Eurofinsa a initié, au début des années 2010, la construction de la route nationale 1 et du stade Obo sur des préfinancements de la Société générale et la Deutsche Bank.
En 2016, ces chantiers ont été abandonnés en raison du non-paiement de l’Etat. L’année suivante, Eurofinsa a engagé un arbitrage pour réclamer 92 millions d’euros (60,3 milliards de francs).
Tout en contestant cette facture, le gouvernement a, de son côté, demandé le versement de pénalités pour malfaçons ainsi qu’un reliquat fiscal.
Or, le 20 décembre dernier, alors que le pays était sans gouvernement suite aux ennuis de santé d’Ali Bongo, Christian Magnagna aurait rencontré le staff d’Eurofinsa à Paris pour lui proposer d’abandonner les poursuites en échanges de 55 millions d’euros (36 milliards de francs) et l’effacement de la dette fiscale.
Un protocole a été signé par le ministre, le 4 janvier, et par Eurofinsa quatre jours plus tard, relève le média confidentiel.
La diffusion rapide de ce protocole, le même mois, au sein de l’appareil de l’Etat a provoqué une crise.
L’Agence judiciaire de l’Etat, qui pilote le dossier contre Eurofinsa, s’est étonnée de ne pas avoir été associée aux négociations ni même avertie.
Le premier ministre Julien Nkoghé Békalé, s’est également inquiété de savoir pourquoi les ministres du Budget et de la Justice n’avaient pas été consultés. Décision a ensuite été prise de dénoncer le protocole en arguant qu’au moment où il a été signé, le gouvernement ne siégeait pas.
(Source : La lettre du continent)