DIG / Ancien ministre de l’Économie, Jean-Marie Ogandaga a brisé le silence à l’occasion du Gabon Economic Forum, tenu les 7 et 8 juillet 2025 à Libreville.
Pour la première fois publiquement, il a levé le voile sur certaines pratiques troublantes au sein de l’appareil d’État sous l’ancien régime.
« Autrefois, on m’a dit qu’un ministre, ça la boucle ou ça démissionne. J’ai choisi de démissionner. Aujourd’hui, je peux enfin parler », a-t-il lancé devant un parterre d’acteurs économiques et institutionnels. Dans un discours sans détour, l’ancien ministre a dénoncé l’existence de blocages délibérés dans le paiement de la dette intérieure, orchestrés par des individus tapis dans l’ombre, bien qu’en dehors des circuits décisionnels officiels.
« Le ministre des Finances décide de payer la dette intérieure. Un individu bloque. On ne cite pas les contemporains, mais les gens se reconnaîtront », a-t-il confié, amer. Avant d’ajouter :
« Et après, vous apprenez que le pays est mis en défaut de paiement. » Une affirmation qui éclaire sous un jour nouveau la gestion opaque de la dette à une époque où le Gabon multipliait les retards de paiement aux entreprises locales, étranglant au passage l’économie réelle.
Des révélations aux allures de règlement de comptes
Mais les révélations ne s’arrêtent pas là. Jean Marie Ogandaga évoque également des tentatives de détournement de projets financés par des bailleurs de fonds, notamment la Banque Africaine de Développement (BAD).
« La BAD nous accorde un financement pour bitumer une route stratégique vers les frontières du Congo. Un individu décide unilatéralement de faire dévier le tracé. La BAD a dit non », relate-t-il.
Résultat : l’annulation pure et simple d’un financement de 87 milliards de FCFA.
Une décision aux lourdes conséquences économiques et diplomatiques.
« Après, on dit que les ministres sont incompétents… Mais que peuvent-ils faire quand certains, de l’extérieur, sont plus puissants que le gouvernement lui-même ? », s’est interrogé l’ancien ministre, visiblement encore marqué par l’expérience.
Jean Marie Ogandaga, qui fut, dit-on, assigné à résidence avec un bracelet électronique à la cheville et contraint de quitter le gouvernement pour avoir accordé des exonérations fiscales scandaleuses à plusieurs opérateurs économiques, , espère désormais que les nouvelles autorités apprendront des erreurs du passé.
« Sincèrement, je souhaite que le nouveau régime ne reproduise pas ce que nous avons vécu », a-t-il conclu, dans une prise de parole qui sonne comme un règlement de comptes posthume avec un système longtemps verrouillé.



