Emergence du Gabon : Pourquoi Christian Kerangall n’y croit (presque) plus ?

DIG/ « De 1998 à 2009, Omar n’a pas réussi à faire émerger le Gabon. De 2009 à 2020, Ali n’a pas fait mieux. Avec les paramètres actuels, si rien ne change, l’avenir risque d’être du même tonneau ».

Cette phase choc tirée de son ouvrage « Mémoires en noir et blanc » ne cesse de faire jaser dans l’opinion nationale tant la parole de cet homme discret et influent est considérée comme « parole d’évangile ».

L’expérience de l’organisation des CAN 2012 et 2017 lui ont permis, dit-il, « d’ouvrir les yeux » sur les réalités du pouvoir et des nombreux bocages pouvant émaner de l’entourage direct du Chef de l’Etat, Ali Bongo Onbdimba.

« Jusqu’à la CAN, en 2012, j’ignorais tout du pouvoir et de son environnement. J’étais dans la facilité dans ma relation avec le Chef de l’Etat Omar Bongo Ondimba, et surtout, j’avais des courroies fiables de transmission pour lui faire part de mes analyses sur les sujets stratégiques, et lui savait où me trouver si besoin.

Je n’étais qu’un agent économique. Pour moi, le Chef était responsable de tout. Erreur fatale de jugement de ma part. Tout a changé pour moi quand je suis devenu Haut-Commissaire, avec les pouvoirs du Chef de l’Etat, pour une mission difficile : la CAN 2012. Cela a commencé par la signature du décret de nomination… nous étions plus que dans l’urgence et, la rédaction du décret a mis 4 mois, de novembre 2010 à février 2011, tant les turpitudes autour étaient fortes.

J’ai été obligé de dire au Président qu’à la Présidence le papier carbone ne reproduisait pas comme les originaux. Sa volonté forte de réussir a été le seul message qu’il m’a donné. Le décret intégrait cette volonté définie ensemble. Il l’a respectée sans faille et nous avons réussi. Donc, si nous appliquons avec rigueur, professionnalisme et patriotisme les plus hautes volontés, on réussit.

Alors, ce qui est possible pour un événement exceptionnel par sa complexité, doit l’être aussi pour l’émergence de notre pays. Donc après cette expérience, j’ai dû revoir mon jugement, le Chef n’était pas responsable de tout. Mais nous tous responsables de tout, et en particulier ceux à qui une confiance et une autorité leur ont été données », indique t-il avec un certain franc-parler.

Avant de se montrer plus tranchant :

« Les mousquetaires doivent le servir, et servir le pays, et non se battre entre eux. On a perdu le sens du bon collectif, du travail d’équipe, des valeurs. La politique et le miang y sont pour l’essentiel responsables (…)

Les mousquetaires appliquent les volontés de réussir du Chef sans faille, ne se battent pas entre eux et que nous tous nous croyions en la possibilité de construire un bonheur collectif en y participant tous individuellement. Mon intime conviction, là aussi, est que c’est possible.

( …) Je sais ce que voulais faire Omar dès 1998, je sais ce que voulais faire Ali dès 2009, je sais ce que nous n’avons pas pu réaliser depuis près de 25ans. Je sais ce que nous voulons et pouvons faire tous ensemble pour transformer le pays en 25 ans. Mais je m’arrête là car je commence à parler comme un tribun politique. Ce qui est loin de mes intentions. Par contre je serai toujours disponible pour participer à un comité des sages, représentatif de 80 % de notre population, et en être un « doungourou » pour notre bonheur futur ».

(Source : L’Union)

 

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La Redaction

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