Epargne des retraites : Un « Trésor dormant » qui pourrait financer les économies de la zone Franc

DIG / Alors que les États africains peinent souvent à financer leurs ambitieux projets de développement sans alourdir leur dette extérieure, une solution endogène semble sous-exploitée : l’épargne des retraites.

Une récente analyse publiée dans Financial Afrik met en lumière le potentiel inexploré des fonds de pension dans les zones CEMAC, UEMOA et en RDC.

Un gisement financier sous-utilisé

Selon l’économiste gabonais Cédric Achille Mbeng Mezui, les actifs gérés par les caisses de retraite en Afrique subsaharienne dépassent désormais les 380 milliards de dollars (environ 230 000 milliards de FCFA).

Si des pays anglophones comme l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya ont su transformer cette épargne en levier de croissance, l’Afrique francophone reste à la traîne.

Dans la zone CIPRES (Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale), qui regroupe la majorité des pays francophones, cette épargne est souvent « oisive ».

Elle dort sur des comptes bancaires à court terme ou sert à financer les déficits publics via des obligations d’État, au lieu d’irriguer l’économie réelle (entreprises, infrastructures, industrie).

Pourquoi ça bloque ?

L’analyse pointe plusieurs freins structurels :

-Cadre réglementaire rigide : Les règles actuelles limitent la capacité des caisses de retraite à investir dans des actifs plus risqués mais plus rentables à long terme (actions, private equity, immobilier).

 – d’expertise : La gestion active de portefeuilles nécessite des compétences financières pointues qui font parfois défaut au sein des institutions de prévoyance sociale traditionnelles.

 -Profondeur des marchés : Les bourses régionales (BVMAC, BRVM) manquent encore de liquidité et de produits diversifiés pour absorber ces capitaux massifs de manière sécurisée.

 L’urgence d’une réforme

Mobiliser cette épargne locale est devenu une nécessité stratégique. Cela permettrait de :

Réduire la dépendance aux financements extérieurs souvent coûteux et libellés en devises étrangères.

 -Stabiliser le système financier en apportant des liquidités à long terme (« argent patient ») indispensables pour les grands projets d’infrastructures.

 –Booster les entreprises locales qui peinent à trouver des financements bancaires adaptés à leur croissance.

 En conclusion, les caisses de retraite de la CEMAC, de l’UEMOA et de la RDC ne doivent plus être vues comme de simples guichets de prestations sociales, mais comme des investisseurs institutionnels majeurs. La réforme de leur gouvernance et de leurs stratégies d’investissement est la clé pour transformer l’épargne des travailleurs d’aujourd’hui en moteurs de la croissance de demain.

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La Redaction

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