Rien ne va plus pour le gouvernement. Après Moodys la semaine dernière, l’agence de notation internationale Fitchratings vient d’assortir le Gabon d’une note B+ jugée comme « perspective négative », en raison des incertitudes qui planent toujours sur les prix du baril de pétrole.
En dépit des efforts du gouvernement pour diversifier l’économie, le pétrole représente encore 38% du PIB, tandis que les revenus du pétrole constituent 44% des recettes fiscales du gouvernement et 79% des exportations, note l’agence de notation.
Selon Fitch Ratings, le déficit budgétaire va se creuser pour atteindre 3,8% du PIB en 2016 contre 1,1% en 2015. Le gouvernement devrait prendre, au plus vite, estime t-elle, des mesures pour limiter la détérioration budgétaire.
« Le gouvernement a réduit les dépenses en capital de 30% en 2015 et largement réformé les subventions pétrolières. Cependant, la flexibilité financière du gouvernement s’amenuise : de nouvelles réductions des dépenses d’investissement sont limitées par l’organisation de la Coupe des nations d’Afrique 2017 et la masse salariale hors normes est peu susceptible d’être réduite cette année, avant l’élection présidentielle d’août. Le déficit budgétaire pourrait se réduire quelque peu en 2017 en cas d’évolution favorable des prix du pétrole », indique Fitchratings.
Néanmoins, dans son communiqué, l’Agence a relevé plusieurs points favorables au Gabon notamment l’amélioration de la résilience de son économie par le biais d’une orientation optimiste du secteur hors pétrole à la faveur de la mise en œuvre du PSGE. C’est ainsi qu’elle estime qu’après une croissance réelle de l’ordre de 4% en 2015 et un léger ralentissement en 2016, l’activité économique réelle progresserait de 4,3% en 2017. Par ailleurs, les experts relèvent que des actions ont été entreprises pour une meilleure maîtrise des finances publiques.
Adoptant une approche très conservatrice qui prend en compte ses propres prévisions de prix du baril de pétrole à 35 dollars pour 2016 et 45 dollars pour 2017, l’Agence estime que l’ensemble des pays producteurs de pétrole devrait subir des conséquences négatives particulièrement sur les finances publiques et sur la balance de paiements.
Il importe de noter la tendance encourageante affichée par les prix du pétrole depuis mi-février 2016 qui se situe aujourd’hui à un niveau supérieur à 40 dollars le baril de Brent. A titre d’illustration, le Congo a vu dans le même temps sa notation dégradée de B+ à B avec perspective négative, soit un cran en dessous du Gabon, pour le plus grand producteur de pétrole d’Afrique Centrale. De même l’appréciation de l’Angola, du Nigeria ou encore du Ghana ont été négativement revues.
Il convient de rappeler aussi que depuis les premières turbulences observées sur les marchés des matières premières en 2014, la stratégie des autorités gabonaises a consisté à adopter une approche proactive en termes d’orientation budgétaire mais également sur le plan des hypothèses à la fois sur les prix du pétrole que sur la production. Ainsi, le Gouvernement travaille actuellement sur une hypothèse de 30 dollars le baril de pétrole gabonais afin de se prémunir d’une dégradation encore plus prononcée des cours au niveau international.