Gabon : La Fonction publique n’est pas saturée, elle est mal gérée

DIG / Depuis des années, un discours revient sans cesse dans la bouche des autorités : « La Fonction publique est saturée. »

Un refrain commode pour justifier le gel des recrutements, l’absence de promotions et la précarité des contractuels.

Mais à y regarder de plus près, cette affirmation ne résiste pas à l’analyse. D’un côté, plus de 750 “agents fictifs” ont été découverts rien qu’au ministère de l’Éducation nationale — des noms figurant sur les fiches de paie, mais absents des établissements.

De l’autre, moins d’une centaine d’inspecteurs du Travail doivent encadrer l’ensemble du tissu économique national, rendant quasi impossible l’application effective du Code du travail.

Pendant ce temps, de nombreux fonctionnaires partent à la retraite sans être remplacés, laissant vacants des postes essentiels dans l’enseignement, la santé ou les services techniques. Résultat : des classes surchargées, des hôpitaux sous-dotés, des infrastructures dégradées.

La réalité est claire : la Fonction publique gabonaise n’est pas saturée, elle est déséquilibrée, mal planifiée et mal contrôlée. Le discours de la “saturation” sert surtout à masquer l’absence de réformes structurelles indispensables : audit des effectifs, suppression des postes fictifs, redéploiement vers les secteurs prioritaires et modernisation de la gestion des ressources humaines.

Plutôt que de fermer les portes à une jeunesse qualifiée, l’État devrait assainir et réorganiser ses effectifs pour recruter là où les besoins sont réels.

Car une administration performante ne se juge pas à son effectif, mais à son efficacité, sa transparence et sa capacité à servir le citoyen.

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La Redaction

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