DIG / Depuis quelques jours, une flotte de taxis électriques flambant neufs, estampillés « Ndzela », attire tous les regards en face du Ballon d’Or, dans la commune d’Akanda.
Si l’identité du promoteur reste floue — les indiscrétions évoquent un investisseur malien — l’ambition, elle, est claire : moderniser le transport urbain gabonais. Mais au-delà de l’effet « wow », ce projet se heurte déjà à un mur de réalités.
Le paradoxe énergétique
C’est la question qui fâche. Lancer une flotte 100% électrique à l’heure où le Grand Libreville vit au rythme des délestages et des rationnements de la SEEG relève du défi, voire de la gageure.
D’où viendra l’électricité ? Ces bornes sont-elles autonomes (solaire) ou tireront-elles sur un réseau déjà saturé ? Sans garantie d’approvisionnement stable, la « révolution » risque la panne sèche.
Un écosystème à construire
L’initiative a le mérite d’exister et de préfigurer l’avenir. Cependant, importer des véhicules ne suffit pas :
-Maintenance : Qui réparera ces véhicules bourrés d’électronique ?
-Recharge : Un projet isolé peut-il survivre sans maillage national de bornes ?
-Rentabilité : Le modèle économique est-il soutenable face aux taxis thermiques bon marché, sans subvention de l’État ?
Coup de génie ou coup de com ? L’arrivée de Ndzela est une bouffée d’air frais (et propre) dans un secteur dominé par des « clandos » polluants.
C’est une démarche salutaire. Mais pour passer du rêve à la réalité durable, l’opérateur devra prouver qu’il a résolu l’équation énergétique. Car ne l’oublions pas : un taxi électrique sans courant n’est plus un moyen de transport, c’est une vitrine immobile.



