Gunvor et le Gabon : Les dessous d’un méga-deal pétrolier sous tension

DIG / En juin 2024, la société genevoise de négoce Gunvor a accordé un prêt d’un milliard de dollars à la Gabon Oil Company (GOC) pour financer la nationalisation des actifs d’Assala Energy, jusque-là détenus par le groupe américain Carlyle, rapporte la première partie d’un article d’Africa Intelligence publié le 8 septembre 2025.

En contrepartie, le trader a obtenu l’exclusivité de la commercialisation du brut issu de ces blocs stratégiques. Négocié dans un contexte politique sensible, quelques mois après le coup d’État d’août 2023, cet accord s’est joué en coulisses, impliquant intermédiaires influents, hauts responsables et hommes d’affaires.

Selon l’enquête, un dîner à Paris en janvier 2024 a rassemblé anciens vice-présidents gabonais, dirigeants de Gunvor et le consultant Mohamed Dagdag, présenté comme « conseiller stratégique » – un rôle que Gunvor nie officiellement pour éviter toute suspicion de corruption.

– Brice Clotaire Oligui Nguema, alors président de la transition, a mandaté Pierre-Claver Maganga Moussavou pour identifier des partenaires financiers, ouvrant la voie à Gunvor.

– Les discussions avec le DG de la GOC, Marcellin Simba Ngabi, se sont révélées difficiles, celui-ci se montrant d’abord sceptique vis-à-vis des traders européens.

– L’intervention tardive du consultant camerounais René Avambeng, qui a multiplié les messages ambigus et menaçants, n’a pas infléchi la conclusion du contrat.

Déjà condamnée en 2019 en Suisse pour corruption, Gunvor a cette fois mis en avant un strict respect des règles de compliance, tout en ayant recours à des paiements externalisés via Dubaï. Mais le pari demeure risqué : la production pétrolière gabonaise décline et le remboursement du prêt pourrait largement dépasser les cinq années prévues.

Une deuxième partie de l’enquête devrait bientôt lever le voile sur d’autres zones d’ombre de cette opération controversée.

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La Redaction

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