DIG / Et si le Gabon était en train de se couper lui-même les ailes, en précipitant, sa nouvelle compagnie Fly Gabon dans une zone de turbulence ?
En effet, depuis la flambée des taxes aéroportuaires au niveau national, Libreville figure désormais parmi les destinations les plus chères du continent.
Avec 297,70 dollars (179 000 FCFA) de taxes par passager au départ et 127,80 dollars (76 800 FCFA) à l’arrivée, le pays surclasse largement la moyenne africaine.
Une situation d’autant plus préoccupante que, partout ailleurs, les États multiplient les efforts pour rendre le ciel plus accessible et stimuler le tourisme, les affaires et les investissements.
Les compagnies aériennes, dont Afrijet/Fly Gabon – où l’État détient 56 % du capital –, dénoncent des mesures « imposées sans concertation » et tirent la sonnette d’alarme.
Pour elles, le risque est clair : voir le Gabon devenir une destination à éviter, car trop chère. Et perdre en attractivité économique et touristique.
Pendant que le Maroc, l’Éthiopie ou la Tunisie baissent leurs charges pour attirer passagers et investisseurs, Libreville emprunte le chemin inverse.
Depuis le dernier rapport de l’IATA sur la situation critique du secteur aérien national, le ministre en charge des Transports Ulrich Manfoumbi Mamfoumbi se mure dans un silence incompréhensible, laissant tout le secteur aérien dans une angoisse permanente et les voyageurs gabonais de plus en plus dubitatifs quant à la réelle volonté du gouvernement de faire de Libreville, un hub régional ultracompétitif.
Pourtant le membre du gouvernement avait affirmé, le 25 juillet 2025, que la question de la cherté des billets d’avions faisait désormais l’objet d’un traitement « prioritaire au plus haut niveau de l’État ».
« Je tiens à rassurer l’ensemble des citoyens que la problématique des tarifs élevés des billets d’avion sur les vols nationaux et internationaux fait l’objet d’une attention prioritaire au plus haut niveau de l’État », avait-il déclaré.
Une déclaration suivie d’aucune mesure concrète sur le terrain.
La question est donc directe : quelle est la vision du Gabon pour son secteur aérien ?
– Comment expliquer que les taxes soient près de dix fois supérieures à la moyenne africaine ?
– Comment justifier qu’un vol vers Libreville coûte plus cher que vers l’Europe ou l’Asie ?
– Quelle place a été accordée au dialogue avec les compagnies, le secteur touristique et les acteurs économiques avant ces décisions ?
– Et surtout, quelles solutions rapides comptez-vous mettre en place pour éviter que le ciel gabonais ne devienne un luxe réservé à une minorité ?
À l’heure où le Gabon cherche à diversifier son économie et à séduire les investisseurs, il ne peut pas se permettre d’ériger des barrières tarifaires qui l’isolent davantage.
Les citoyens comme les entreprises attendent désormais des réponses claires et des actes concrets.



