DIG / L’annonce de Thomas Melonio, chef économiste de l’Agence Française de Développement (AFD), a fait l’effet d’une onde de choc dans les milieux du développement : D’ici 2026, l’Afrique ne représentera plus que 30 % des activités de l’agence.
Ce pivot stratégique marque une rupture avec l’époque où le continent africain captait près de la moitié des engagements français.
Pour le Gabon, partenaire historique de l’institution, cette décision soulève des interrogations cruciales sur le financement de sa transition économique.
Un partenaire de poids au chevet du Gabon
Pour comprendre l’enjeu, il faut rappeler que l’AFD est un acteur omniprésent au Gabon. Avec un portefeuille de projets avoisinant les 570 millions d’euros (environ 374 milliards de FCFA), l’agence soutient des piliers stratégiques du pays :
-Éducation : Le projet PISE (Investissement dans le Secteur Éducatif) est l’un des plus ambitieux, visant la construction de centaines de salles de classe.
-Infrastructures : Un prêt récent de 73 millions d’euros a été acté pour la modernisation du chemin de fer Transgabonais, vital pour l’exportation du manganèse et du bois.
-Santé : Le Projet d’appui au secteur de la santé (PASS) finance la réhabilitation d’hôpitaux régionaux.
Un glissement vers la « Finance Verte »
La réduction de la part globale de l’Afrique ne signifie pas un retrait total, mais une plus grande sélectivité. L’AFD réoriente ses ressources vers les « biens publics mondiaux », notamment la lutte contre le changement climatique.
Sur ce point, le Gabon possède une carte maîtresse : sa forêt. En tant que champion de la biodiversité, Libreville pourrait voir ses financements maintenus, voire accrus, s’ils sont strictement fléchés vers la protection des écosystèmes. En revanche, les prêts souverains classiques pour des infrastructures non « vertes » pourraient devenir plus difficiles à obtenir ou plus coûteux.
Vers une nécessaire diversification des bailleurs
Cette annonce intervient dans un contexte budgétaire tendu en France, où l’Aide Publique au Développement (APD) subit des coupes claires.
Pour le Gabon, qui traverse une période de transition politique et doit faire face à une dette importante, ce désengagement relatif de l’AFD est un signal d’alarme.
Le pays devra accélérer sa stratégie de diversification de ses partenaires financiers.
Alors que la Chine demeure son premier client et que la Banque Africaine de Développement (BAD) renforce sa présence, le Gabon doit plus que jamais convaincre de nouveaux investisseurs, notamment au Moyen-Orient et auprès des fonds climatiques internationaux, pour compenser la réduction mécanique de l’apport français.



