DIG/ Selon les données recueillies par le coordonnateur du projet d’inventaire des ressources naturelles du Gabon au sein de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et chargé de calculer la quantité de carbone enfermée dans les arbres du pays, la forêt gabonaise absorbe chaque année 140 millions de tonnes de carbone de l’atmosphère, alors que ses émissions annuelles nationales sont de 40 millions de tonnes.
Ce qui fait du pays recouvert à 90 % de forêt, l’une des rares nations à absorber plus de carbone qu’elle n’en émet.
Pour bénéficier de cette manne écologique, le gouvernement souhaite vendre des crédits sur les marchés internationaux en fonction de la quantité de carbone que sa forêt absorbe.
L’idée est qu’une usine en Allemagne, par exemple, pourrait compenser ses émissions en achetant des crédits de carbone tirés des arbres du Gabon, ce qui lui permettrait de maintenir sa production tout en préservant la forêt tropicale.
Selon ces estimations, le Gabon peut tirer plus de revenus de ses forêts de cette manière qu’en l’exploitant pour l’agriculture.
« Si vous regardez la RD Congo, leur forêt part en fumée, mais s’ils avaient obtenu cinq dollars par tonne de carbone absorbée dans leur forêt, cela leur aurait rapporté bien plus d’argent que les exploitations agricoles actuelles », indique le ministre en charge de l’Environnement et des Forets, Lee White.
D’après plusieurs études, les nuages que le Gabon et le bassin du Congo génèrent arrosent le Sahel et alimentent également la source du Nil bleu en Ethiopie.
« Si nous perdons la forêt du bassin du Congo, nous perdrons ces précipitations pluvieuses.
Cela signifie que nous perdrons l’agriculture dans le Sahel et que vous aurez 100 millions de Nigérians qui chercheront un nouvel habitat, et vous perdrez le Nil Bleu, ce qui implique que 100 millions d’Égyptiens chercheront également une nouvelle maison… », prévient Lee White.
Le Gabon est devenu le premier pays à être rémunéré pour la protection de ses forêts avec une enveloppe de 17 millions de dollars reçu d’un fonds soutenu par la Norvège.
Cependant, le prix obtenu par le Gabon pour le carbone stocké dans ses arbres était faible : à peine 10 dollars par tonne métrique, alors que la moyenne du marché européen est d’environ 60 dollars pour chaque tonne de carbone éliminée des usines.
(Source : Jeune Afrique)