DIG / Depuis son arrivée au pouvoir en août 2023, Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la lutte anticorruption un pilier central de sa légitimité.
Entre descentes surprises dans les administrations, audits généralisés et interpellations spectaculaires — comme celles de Sylvia et Noureddin Bongo ou du ministre Pascal Ogowet Siffon — le pouvoir affiche une volonté de rupture avec les « dérives » de l’ancien régime.
Pourtant, deux ans après, ce dispositif suscite des interrogations. Si certaines actions sont saluées par une opinion publique lasse de la gabegie, d’autres observateurs y voient une chasse aux sorcières sélective, où la transparence judiciaire laisse parfois place à l’opacité.
Les procès restent rares, les détentions préventives s’allongent, et certaines irrégularités — comme des déplacements non encadrés de hauts responsables en résidence surveillée — alimentent le doute.
Pire, des rumeurs persistantes évoquent des enrichissements suspects au sein même de l’entourage présidentiel, notamment autour de la gestion des biens saisis à la famille Bongo.
À ce jour, aucune de ces allégations n’a fait l’objet de poursuites.
Alors que le chef de l’État multiplie les signaux forts — visites inopinées, sanctions administratives, discours moralisateur — sa politique anticorruption semble atteindre ses limites.
Pour convaincre le plus grand nombre, elle devra désormais démontrer qu’elle s’applique à tous, sans exception, et s’appuyer sur des institutions indépendantes plutôt que sur une justice perçue comme instrumentalisée.



