Macron à Libreville : Les enjeux d’une visite après le grand déballage de la « Young Team »

DIG / Le 23 novembre 2025, lorsque l’Airbus présidentiel français se posera à l’aéroport Léon Mba, l’enjeu ne sera pas seulement protocolaire.

En foulant le sol gabonais quelques jours seulement après le verdict retentissant du procès de la « Young Team », Emmanuel Macron vient valider économiquement une nouvelle ère.

Pour le Gabon du Général Oligui Nguema, cette visite répond à une équation économique urgente en trois inconnues.

 Rassurer les marchés après le « Grand Déballage »

 Le procès qui vient de s’achever a exposé au monde entier un chiffre effrayant : 4 000 milliards de FCFA détournés.

Si cette transparence honore la Transition, elle a aussi un effet secondaire pervers : elle effraie les capitaux étrangers qui craignent une instabilité juridique (annulation de contrats passés, chasse aux sorcières).

L’enjeu : La présence de Macron agit comme un label de « fréquentabilité ». Elle signale aux investisseurs internationaux (et aux banques) que malgré le nettoyage anticorruption drastique, le Gabon reste une place sûre pour le business.

La France joue ici le rôle de « tiers de confiance » pour la notation souveraine du Gabon.

Le virage des « Infrastructures Sociales » (Eau & Énergie)

L’époque où la relation se limitait à TotalEnergies et au manganèse d’Eramet est révolue. Oligui Nguema a besoin de résultats rapides pour sa population (« le panier de la ménagère »).

L’enjeu : La France doit se repositionner sur les services de base. Les discussions ne porteront plus sur des puits de pétrole, mais sur des projets à impact immédiat : adduction d’eau potable (SEEG), électrification rurale et transport urbain.

Paris doit prouver que ses entreprises peuvent améliorer le quotidien des Librevillois aussi vite que les constructeurs chinois, mais avec une meilleure qualité.

La bataille du « Contenu Local »

C’est le point de friction. Le nouveau code des marchés publics gabonais exige plus de sous-traitance locale et d’emplois gabonais.

L’enjeu : Les PME françaises installées au Gabon (plus de 80 entreprises) sont sous pression.

Macron devra garantir que les entreprises françaises ne sont pas là pour faire de la « prédation » (le mot à la mode depuis le procès), mais pour former.

On attend des annonces concrètes sur la formation professionnelle et des partenariats avec les PME gabonaises, seul moyen de contrer le narratif anti-français.

En gros, cette visite est celle du pragmatisme. Le Gabon a besoin de l’expertise technique française pour relever ses infrastructures défaillantes après des années de pillage.

La France a besoin de sécuriser ses parts de marché dans un pays qui ne lui est plus acquis d’avance.

Le procès de la Young Team a fermé la vanne de la corruption ; Macron vient tenter d’ouvrir celle de l’investissement formel.

 

 

 

 

 

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La Redaction

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