DIG / En ce mois de décembre 2025, les banques commerciales gabonaises font face à une tension structurelle sur leurs réserves.
Cette rareté des devises oblige entreprises et particuliers à se tourner massivement vers les circuits parallèles pour financer leurs importations ou leurs voyages.
Au cœur de ce système : le marché Mont-Bouët, où les taux de change s’envolent bien au-delà des cours officiels de la BEAC.
Le poumon de l’informel sous haute surveillance
Mont-Bouët reste le symbole d’une économie gabonaise à deux vitesses. Un recensement récent de la Direction Générale des Impôts (DGI) a révélé que sur 1 400 entreprises identifiées sur le site, près de 487 exercent dans l’informel total, sans aucune existence administrative ou fiscale.
L’activité de change manuel y est particulièrement dynamique, portée par :
– La rapidité d’exécution : Contrairement aux banques qui font face à des procédures de conformité de plus en plus lourdes.
– La disponibilité immédiate : Là où le marché officiel est asséché, les cambistes de rue semblent toujours disposer de liquidités, bien qu’à des taux prohibitifs.
Les alertes du régulateur
Cette situation inquiète au plus haut sommet. Le Comité National Économique et Financier (CNEF) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences de ce marché noir :
– Distorsion économique : Les taux parallèles faussent la compétitivité des entreprises locales.
– Risques de blanchiment : L’opacité des flux financiers à Mont-Bouët accroît considérablement les risques de blanchiment de capitaux et de financement d’activités illicites.
– Fuite de capitaux : Une part importante de la richesse nationale échappe ainsi au contrôle des autorités monétaires.
Vers une reprise en main de l’État ?
Pour contrer cette dérive, le gouvernement gabonais a durci le ton. Dans le cadre de la transition, une série de mesures ont été adoptées, incluant le renforcement des sanctions contre les changeurs illégaux et une volonté de formaliser les petits commerces.
De plus, de nouvelles restrictions interdisent désormais aux opérateurs étrangers l’exercice de certaines activités de proximité, ce qui pourrait redessiner le paysage des acteurs du marché.



