Metiers informels réservés aux nationaux : Les raisons et la nécessité de se réapproprier notre tissu économique

Analyse

Par Georges Ateme Mba Ndong, économiste

 » L’arrêté numéro 000434/MCi/SG/DGC/DCIP du 17 juillet 1991, réservant l’exclusivité de certaines activités commerciales aux Gabonais est, soit dit en passant, le cadre réglementaire en vigueur dans notre pays,.

En effet, ledit arrêté a été signé par le Ministre gabonais du Commerce et de l’Industrie. Et comme tout arrêté ministériel, il est en dessous de la hiérarchie des normes juridiques (la Constitution, la Loi Organique de la Constitution, les Annexes de Constitution, les Lois, les Ordonnances, les Décrets, les Arrêtés, les Circulaires er les Décisions).

Le décors étant planté, le Gouvernement de la République a décidé, à juste titre, de réintroduire cet arrêté ministériel de juillet 1991, par une décision, probablement par un projet de loi validé par le Conseil des Ministres du mois d’août dernier.

En prenant le risque de se tromper, car les délibérations en Conseil des Ministres sont frappées du sceau de la confidentialité, nous pensons que l’objectif de cette décision a été de promouvoir « Gabon d’abord » dans notre économie, un concept très cher au feu Président Léon MBA MINKO MI EDANG et feu Président Omar BONGO ONDIMBA, surtout que certaines activités commerciales, étaient très, nous répétons, très largement occupées par les ressortissants étrangers.

À cet effet, il fallait donc promouvoir l’exercice des activités commerciales en faveur des Nationaux. La décision prise par le Gouvernement est donc pleinement justifié. C’est même un droit constitutionnel pour tout Gabonais, et un devoir pour le Gouvernement de la République.

Par ailleurs de nos jours, la question de chômage devient galopante et préoccupante chez les jeunes, et s’accentue davantage au Gabon.

D’après l’Organisation International du Travail (OIT), l’on parle de près de 40% de chômage au Gabon chez les jeunes (entre 16 ans et moins de 35 ans).

Plusieurs causes peuvent être soulignées

Tout d’abord les maux du syndrome hollandais ou la malédiction des ressources naturelles (Duch deasese), avec pour effet que certains jeunes ont préféré l’Administration, que d’exercer les petites activités commerciales.

Il y a ensuite le gel des recrutements à la Fonction Publique depuis plus de 10 ans. Autres causes du chômage des jeunes, c’est la suspension des concours administratifs aux Grandes Écoles (IEF Pôle régional, ENEF, …), bien que le Gouvernement actuel ait repris avec lesdits concours tout récemment.

L’on peut également évoquer la sous-estimation des activités commerciales par de nombreux gabonais préférant être dans les bureaux administratifs que d’être sur le terrain.

Il y a aussi les échecs scolaires et universitaires ainsi que le décrochage des élèves et étudiants qui se sont multipliés d’année en année, sans que l’Etat mène une action corrective à l’endroit de ces jeunes. Autres causes, ce sont les parents qui rabattaient à longueur de journée et à outrance, à leurs progénitures que faire des petits métiers ne servait à rien, bien que des talents se sont révélés au niveau mondial avec lesdits petits métiers, pour devenir des milliardaires plus tard.

Autre cause à souligner, c’est l’occupation, accéléré et tous azimuts, de pans entiers de notre économie et ce, en décourageant les Gabonais qui ont voulu et qui veulent s’installer, via des manœuvres déloyales à l’eur égard.

Tous ces facteurs ou causes ont eu pour conséquences, que l’Etat Gabonais via les Gouvernements qui se sont succédés depuis 1991, date de la signature de l’arrêté, à nos jours, les Ressortissants Étrangers qui viennent en masse par des voies détournées, par la voie maritime et fuviale à travers de petites embarcations et, même dans certains cas, par la voie aérienne, sans aucun visa d’entrée.

Il y a également certains Employeurs (entreprises et sociétés) qui préfèrent privilégier les Ressortissants Étrangers, au motif que ces derniers sont plus dociles aux tâches par rapport aux Nationaux, et ce en totale violation du Code duTravail en République Gabonaise.

Une autre cause dont on ne saurait pas mentionner, c’est que le Gouvernement, par l’entremise du Ministère du Commerce et de l’Industrie, a pris un arrêté en 1991 en lieu et place d’une loi qui a force légale, car une loi sait s’appuyer sur certains articles de la Constitution, alors qu’un simple arrêté ministériel n’a pas la même force légale.

En outre, le Gouvernement de 1991 a-t-il fait la promotion, la sensibilisation et l’accompagnement envers les jeunes gabonais désireux d’exercer lesdites activités commerciales ? J’en doute sérieusement.

Au vu de ce qui précède, la responsabilité incombe à l’Etat et à toutes et à tous. C’est donc une responsabilité collective.

Par ailleurs, le chômage des jeunes est devenu structurel d’années en années, alors que le chômage des jeunes devait être plutôt conjoncturel.

À contrario, le chômage des seniors (chez les personnes de plus de cinquante ans et plus) devait être structurel, car à partir d’un certain âge, les Employeurs ont tendance à privilégier les plus jeunes en raison de leur activité plus vigoureuse.

L’immigration clandestine tout azimut dépasse même les taux de tolérance d’immigration, fixée par l’Organisation Mondiale Internationale à hauteur de 15%.

Cette immigration non contrôlée s’est fondamentalement accéléré ces trois dernières décennies (1991-2025), au grand dam de la population gabonaise.

À titre d’exemple, à la Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDl), le volume de délivrance des cartes de séjour a considérablement grimpé.

Un véritable aubaine pour les Étrangers qui viennent sans avoir obtenu, au préalable, une offre d’emploi au Gabon, tel que l’exige les lois sur l’immigration en vigueur dans notre pays. C’est sur ce point que l’Etat gabonais a véritablement péché.

Le chômage chez les jeunes (entre 16 ans et moins de 35 ans) augmente d’année en année, car la plupart des entreprises et sociétés de la place cherchent des personnes étrangères plus dociles, au détriment des Nationaux qui reconnaissent leurs devoirs et droits fixés par le Code du Travail en République Gabonaise.

Par conséquent, la faute revient aux Employeurs parce que les demandeurs d’emploi venant des Ressortissants Étrangers, sont plus enclins à travailler sans sourciller et sans exiger les lois et les règlements en matière. Le curseur doit être mis sur cet aspect.

Aujourd’hui, de nombreux jeunes gabonais sont prêts à exercer des activités commerciales, bien qu’ils soient diplômés de l’Enseignement Supérieur.

C’est une jeune génération. C’est la jeune génération qui veut être responsable. Mais là où le bât blesse, c’est que plusieurs secteurs et filières sont occupés par les Ressortissanrs Étrangers et qui s’arrangent, à empêcher les jeunes gabonais à se déployer, via des manœuvres déloyales de toute sorte.

Désormais, l’Etat Gabonais s’est réveillé pour prioriser les Nationaux. C’est ce qui s’est passé au nouveau marché de Lambarene (Centre du Gabon) et qui a fait, hélas, débordé le vase.

Si rien n’est fait pour les jeunes gabonais, le pays risque de s’enliser dans des scénari similaires et qui peuvent être regrettables, notamment la recrudescence de la criminalité des jeunes exaspérés par le chômage, le grossissement de l’univers carcéral et les risques d’́émeutes. Aucun Gabonais ne souhaiterait que notre cher et beau pays, le Gabon, n’emprunte ce chemin.

En conclusion, restons fidèles au concept « Gabon d’abord » en priorisant d’abord les Nationaux dans les activités commerciales, et ensuite, tenons par la main nos soeurs et frères Africains. Pas celles et ceux qui insultent notre Patrie en semant le poison, mais celles et ceux qui veulent se joindre à nous, dans l’intérêt de Afrique unie, tout en garantissant le bon fonctionnement régulier des activités commerciales par toutes et tous ainsi que l’approvisionnement des circuits commerciaux du Gabon ».

Par Georges Ateme MBA-NDONG
Économiste

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