Analyse
Le Gabon face au nouvel environnement des prix
Par Régis Immongault*
« L’agence de notation internationale Moody’s a annoncé vendredi soir avoir abaissé la note souveraine de la République Gabonaise de BB- à B+. Cette note demeure à un niveau qui classe le Gabon parmi les meilleurs souverains d’Afrique sub-saharienne. Néanmoins, l’agence de notation a considéré que la baisse prolongée du prix du pétrole sur le marché international depuis 2014 faisait peser un risque sur les équilibres macroéconomiques et budgétaires du Gabon.
Cette décision n’est en rien spécifique au Gabon. L’agence de notation a en effet procédé à une révision systématique des notations de l’ensemble des pays exportateurs de pétrole sur la base de leur estimation du cours du baril de Brent pour l’année 2016, à savoir 33$. Dans un tel contexte, les revenus de l’ensemble des pays producteurs de pétrole baissent de manière significative, ce qui conduit à la dégradation de la notation de nombre de ces pays, au titre desquels le Gabon. Par exemple, le Congo voisin a vu dans le même temps sa notation réduite à B, soit un cran de moins que le Gabon.
Il convient tout d’abord de noter que la prévision de prix du pétrole faite par l’agence Moody’s s’avère très conservatrice au regard des prix actuellement observés sur les contrats à terme (44$ à horizon fin 2016), ainsi que du cours actuel du brut de 43$ environ. C’est donc dans une situation adverse que, d’après Moody’s, un risque de liquidité et de dégradation des ratios d’endettement se présenteraient pour le Gabon. A l’heure actuelle, la loi de finance initiale est construite sur une hypothèse du prix du baril de Brent à 45$, et 42 $ le baril gabonais et aucun des risques mentionnés par l’agence n’est à craindre.
Depuis 2014, la stratégie des autorités gabonaises a consisté à réagir tôt et efficacement au contexte international en adoptant une approche systématiquement conservatrice, tant sur les prix du pétrole que sur la production ou sur les termes de l’échange. Ainsi, le Gouvernement travaille actuellement sur une loi de finance rectificative reposant sur une hypothèse de 30$ le baril gabonais afin de se prémunir d’une dégradation plus prononcée encore des cours internationaux. Dans un tel scénario, le Ministère de l’économie prévoit une croissance réelle de l’économie de l’ordre de 3%, tirée essentiellement par le secteur non pétrolier, qui bénéficie des efforts de diversification mis en œuvre par les autorités depuis 2009 dans le cadre du PSGE. Par ailleurs, de nombreuses mesures visant à accroitre les recettes de l’Etat et rationnaliser ses dépenses vont être mises en œuvre permettant d’assurer la viabilité des finances publiques du pays dans un tel scénario. Certaines de ces mesures, comme la suppression des subventions pétrolières, sont d’ailleurs déjà rentrées en vigueur avec succès.
Dans ce contexte, la récente décision de Moody’s, si elle peut se comprendre, n’est pas de nature à inquiéter les autorités gabonaises qui avaient déjà anticipé la révision de son budget pour faire face à une nouvelle dégradation de l’environnement international des prix, bien que peu probable à l’heure actuelle. Les exercices ainsi menés confirment que le Gabon est en réalité parfaitement en mesure de mieux subir un choc supplémentaire sur les prix du pétrole.
Le Gabon entend mener à l’avenir, comme il l’a fait au cours des dernières années, une politique budgétaire rigoureuse, qui prend pleinement en compte la réalité des cours pétroliers faibles et permet de maintenir les grands équilibres financiers du pays.
Grâce à la mise en oeuvre depuis 2009 de la vision stratégique du Chef de l’Etat, S.E. Ali
Bongo Ondimba, l’économie gabonaise est aujourd’hui plus forte que par le passé et peut faire face au nouvel environnement mondial. Sous l’autorité du Président de la République, le gouvernement reste pleinement mobilisé pour faire progresser le Gabon sur la voie de l’émergence. »
Ministre de l’Economie, du Développement durable, de la Promotion de l’investissement et de la Prospective*