DIG / Depuis sa nomination le 5 mai 2025 comme ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances, de la Dette, des Participations et de la Lutte contre la vie chère, Henri-Claude Oyima suscite interrogations et débats après 3 mois d’exercices (100 jours).
Dirigeant emblématique de BGFIBank Holding Corporation, il cumule encore cette fonction avec son poste gouvernemental, alimentant les doutes sur son engagement opérationnel. Surtout que son groupe bancaire a raflé le marché de financements de plusieurs infrastructures de développement pour des centaines de milliards de FCFA.
Contrairement à Mays Mouissi, l’ancien ministre de l’Économie (septembre 2023–janvier 2025), réputé pour sa transparence et sa communication chiffrée (publication des contrats, bilans réguliers, indicateurs douaniers, import-export, dette…), Henri-Claude Oyima adopte un style discret.
Son ministère reste muet sur les chiffres, ses interventions publiques se limitent à des séminaires, et aucune mise à jour notable n’apparaît sur les canaux officiels.
Vie chère : contre-feux insuffisants
Pour juguler l’inflation persistante, Oyima a annoncé un programme ambitieux : création d’une centrale d’achat à capital mixte public-privé, suspension temporaire des droits d’importation et exonération de TVA sur certains produits dans les zones urbaines de Libreville, Owendo et Akanda.
Mais, plusieurs mois après, aucune trace concrète de cette centrale — ni logistique, ni entrepôts, ni circuits d’approvisionnement — n’est visible. Le panier de la ménagère reste sous pression, et le flou persiste sur l’état réel d’avancement du projet.
Des ambitions… sans concrétisation
Lors du Gabon Economic Forum des 7 et 8 juillet 2025, le ministre a défendu un plan visant 10 % de croissance : industrialisation, formalisation de l’informel, réforme des marchés publics, mise en place d’un observatoire budgétaire national. Mais aucun indicateur fiable ni rapport régulier n’est venu en mesurer la progression.
La double casquette d’Oyima — ministre d’État et PDG de BGFIBank — continue de susciter des interrogations. Bien qu’il ait évoqué un retrait progressif de certaines fonctions, le cumul alimente toujours un sentiment de porosité entre ses responsabilités publiques et privées.
Erreur ou stratégie trop faible ?
L’ère Mays Mouissi incarnait un modèle de transparence et de gestion pragmatique, avec des actions visibles et chiffrées. Oyima, lui, affiche un profil technique et financier solide, sur le papier rassurant… mais dont l’impact concret reste à démontrer, surtout face à une vie chère qui s’aggrave.
Si son style discret relève d’une stratégie délibérée, l’absence de résultats tangibles et de données publiques alimente les doutes. Oyima est-il l’homme de la situation ou un mauvais casting pour un portefeuille aussi stratégique ? La réponse, pour l’heure, reste suspendue.



