DIG/ Photos et documents confidentiels à l’appui, l’équipe de journalistes « Disclose et Investigate Europe » encore appelée IE révèle l’existence de 17 sites de pollution au pétrole provoquées par le groupe Perenco au Gabon, entre 2019 et 2023.
Plusieurs centaines de kilomètres carrés ont été souillés, dont des forêts primaires, des cours d’eau et des fonds marins, affirment-ils.
La pollution causée par le numéro 2 du pétrole en France, derrière TotalEnergies, est due, selon les informations de EI, à la vétusté des installations de Rembo-Kotto, l’un de ses sites d’extraction : une vanne aurait lâché le 16 février 2023.
« Plusieurs dizaines de milliers de litres de pétrole se sont écoulés jusqu’à la rivière et le marigot où les habitants puisent leur eau.
La végétation est devenue noire, tous les poissons ont disparu », témoigne un employé de la société qui a requis l’anonymat par peur des représailles.
Il a filmé les dégâts fin février, avant de les transmettre à Disclose et Investigate Europe (IE).
Ce n’est pas la première fois que le site de Rembo-Kotto est à l’origine d’une importante pollution, rapporte IE.
Le 21 juin 2020, indiquent-ils, 20 barils d’hydrocarbures se sont déversés dans la rivière Missala, à proximité du lac Anengué, selon un rapport d’inspection de la direction générale de l’environnement et de la protection de la nature gabonais (DGEPN) obtenu par Disclose et IE. En cause, cette fois : un pipeline percé.
« Neuf des dix-sept cas recensés ont été étudiés par la DGEPN, un service rattaché au ministère de l’environnement du Gabon.
D’après ses conclusions, qui figurent dans un rapport daté de mai 2021 que nous nous sommes procurés, au moins 290 barils auraient ainsi été déversés dans la nature entre 2020 et le printemps 2021 », indique IE.
Ledit rapport révèle que les accidents se sont multipliés au début de l’année 2021, se concentrant sur un rayon d’une dizaine de kilomètres carrés au sud de Port-Gentil, la capitale économique du pays.
Cette année-là, le 17 janvier, une pompe à pétrole immergée dans une rivière s’est mise à fuir : cinquante barils de brut, soit l’équivalent de 8 000 litres, se sont déversés dans le cours d’eau et « ont migré vers la mangrove », atteignant les racines des palétuviers
« À chaque catastrophe, Perenco camoufle les dégâts et menace les riverains de ne plus les embaucher, voire de fermer le site s’ils lancent l’alerte », assure un employé de la société pétrolière qui témoigne sous couvert d’anonymat.
1er producteur de pétrole au Gabon, Pérenco possède quelque 270 gisements d’hydrocarbures.
Chaque jour, le groupe extrait 100 000 barils, soit 40 % de la production nationale, indique IE.