La Chronique
de
Jérémie Ayong Nkodjie Obame*
« En ce vendredi 31 octobre 2025, les cours de référence attestent d’un contexte contrasté : le baril du Brent évolue autour de 64,3 $, tandis que celui du West Texas Intermediate (WTI) s’installe aux alentours de 60,5 $. Ces niveaux traduisent une certaine résilience face aux aléas, mais aussi un marché qui reste sous tension.
À l’échelle mondiale, le tableau est clair : une combinaison d’offre abondante et d’une demande que l’on juge modérée pèse désormais sur les prix. Le prix moyen prévu pour le Brent est estimé à 67,99 $ en 2025 et à 64,83 $ pour le WTI, reflétant des anticipations plutôt sages. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) précise que la demande mondiale devrait augmenter de seulement 700 000 barils par jour tant en 2025 qu’en 2026, un rythme bien en dessous des moyennes historiques. Sur la face de l’offre, la production totale a grimpé : l’AIE note une hausse de 760 000 barils par jour en septembre 2025, à 108 millions de barils/jour, avec notamment un gain d’un million dans l’orbite de l’OPEP+. Par ailleurs, la vigueur du dollar américain — jugé « fort » par les analystes — exacerbe encore la pression sur les matières premières, dont le pétrole. En définitive, même si les risques géopolitiques persistent, le marché semble plus focalisé sur l’équilibre offre-demande et sur la capacité des pays producteurs à maintenir un rythme soutenu.
Dans ce contexte global qui invite à la prudence, le cas du Gabon mérite d’être suivi avec attention. Chaque semaine désormais apporte son lot d’engagements et de signatures d’exploration : après l’annonce il y a quelques jours d’un accord stratégique du géant BP, c’est au tour de la société anglaise Pilgrim Exploration Limited de s’engager pour 65 milliards de F CFA dans l’exploration de deux blocs pétroliers au Gabon. Cette dynamique illustre, mieux que des mots, la confiance croissante des investisseurs envers ce pays d’Afrique centrale. À l’appui de cette confiance, on note que près de 72 % du bassin sédimentaire gabonais reste inexploré — un potentiel que peu de nations offrent aujourd’hui. Le gouvernement, sous l’impulsion du ministre du Pétrole et du Gaz, a également engagé une feuille de route visant à moderniser le cadre fiscal, à réviser les contrats de partage de production et à renforcer la sécurité environnementale : autant de signaux forts de stabilité et d’ouverture.
Cette multiplication des accords d’exploration au Gabon revêt un double sens. D’une part, elle est le miroir d’un marché global hésitant : quand les producteurs traditionnels voient les prix sous pression, la compétition s’intensifie pour capter la prochaine découverte rentable. D’autre part, elle révèle que le Gabon, grâce à son cadre réformé et à sa stabilité relative, tire parti de ce moment pour attirer des partenaires. Cela ne doit pas être vu seulement comme une bonne nouvelle conjoncturelle, mais comme un socle de relance structurelle : relance de la production, diversification vers le gaz, valorisation du potentiel offshore encore largement inexploité. Le pari est clair : inverser la tendance à la baisse de production qui affecte depuis plusieurs années le pays.
En conclusion, si le marché pétrolier global affiche une certaine retenue — tiraillé entre surplus d’offre et demande modérée —, l’essor de l’exploration au Gabon s’impose comme un rayon d’optimisme. Le pays montre qu’il entend saisir l’instant : plutôt que subir les vents contraires du marché, il cherche à se positionner, à anticiper, à bâtir une trajectoire. Pour les investisseurs, pour les autorités gabonaises, pour l’économie nationale, l’heure est à l’action : exploration, réforme, partenariat. Et à l’heure où le baril flirte avec les 60–65 $, le véritable enjeu ne réside pas seulement dans le prix mais dans la capacité à créer, dès aujourd’hui, les conditions d’un futur durable ».
- Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
- Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
- En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.



