Pétrole et Mines : Le Gabon diversifie ses partenariats

La Chronique

de

Jérémie Ayong Nkodjie Obame*

« Depuis une semaine, les cours du pétrole reculent nettement. Le Brent s’échangeait vendredi autour de 66,75 dollars le baril, contre 71 dollars sept jours plus tôt. Même tendance pour le WTI, tombé à 66 dollars, contre 69 dollars auparavant. Les marchés tergiversent, entre inquiétudes persistantes sur la demande mondiale et ajustements stratégiques des grands producteurs.

L’équation incertaine du marché mondial

La nervosité actuelle est alimentée par deux facteurs majeurs. D’une part, les inquiétudes sur la demande chinoise, toujours à la peine malgré les annonces de relance. D’autre part, les spéculations autour d’un éventuel relèvement des taux par la Réserve fédérale américaine, qui pourrait ralentir encore un peu plus la consommation mondiale. En parallèle, les membres de l’OPEP+ continuent de maintenir une offre relativement encadrée, sans parvenir pour l’instant à enrayer le recul des prix.

Dans ce contexte incertain, les grands acteurs du secteur poursuivent malgré tout leurs investissements, misant sur le moyen terme et sur la transition énergétique pour redéfinir leurs priorités. L’Afrique ne fait pas exception à cette dynamique.

Le Gabon mise sur le partenariat stratégique

La récente visite du président Brice Clotaire Oligui Nguema en Turquie en a apporté une illustration concrète. Le secteur extractif gabonais, qui contribue à hauteur de 23 % du PIB et génère près de la moitié des revenus de l’État, a été au cœur des échanges bilatéraux. Trois protocoles d’accord ont été signés dans les domaines de l’exploration, de la production, du développement et de l’investissement dans le gaz et le pétrole.

Ces engagements viennent renforcer la stratégie nationale de montée en puissance des capacités de production, fixées à 11,7 millions de tonnes pour le pétrole et 422 300 m³ pour le gaz en 2024, selon les données du ministère de l’Économie. Ils témoignent également d’un positionnement clair du Gabon sur l’échiquier énergétique africain, où le partenariat Sud-Sud devient un levier de plus en plus stratégique.

Ne pas subir, mais construire

Dans un environnement mondial volatil, le Gabon ne peut pas se contenter d’attendre que les marchés se stabilisent. Il doit anticiper, construire, nouer des alliances porteuses de croissance et de souveraineté énergétique. C’est tout le sens de l’action diplomatique et économique engagée par les autorités. À condition que les accords se traduisent rapidement en projets concrets, le pari gabonais de la résilience pourrait bien s’avérer payant.

  • Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
  • Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
  • En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.

 

apropos de l auteur

La Redaction

Laisser un commentaire