La Chronique
de
Jérémie Ayong Nkodjie Obame*
« Les marchés pétroliers terminent octobre sur une note contrastée. Le Brent se négocie autour de 64 dollars le baril, le WTI à environ 60 dollars. Cette légère hausse récente doit beaucoup au durcissement des sanctions américaines contre la Russie, qui a ravivé les craintes de tensions sur l’offre mondiale. Mais derrière ce sursaut, les analystes restent prudents : la demande ralentit, l’OPEP+ maintient ses quotas, et le marché paraît désormais plus volatil que jamais.
Ce contexte international rappelle que le prix du pétrole demeure avant tout un baromètre géopolitique. Chaque décision de Washington, chaque ajustement de Moscou ou de Riyad, fait bouger les courbes. Pourtant, pour les pays producteurs africains comme le Gabon, l’enjeu ne se limite pas à observer les fluctuations : il s’agit de préserver la compétitivité d’un secteur vital, tout en répondant aux attentes sociales des populations.
Le gouvernement gabonais a récemment décidé de maintenir la subvention sur les produits pétroliers. Ce choix, dicté par un souci d’équité et de stabilité, est salué comme un geste social fort. Dans un contexte marqué par la hausse du coût de la vie, il témoigne d’une volonté de protéger le pouvoir d’achat et d’éviter les tensions sociales. Mais cette politique a un coût : celui de la soutenabilité à long terme et de la rentabilité du secteur.
Car, au-delà du court terme, la question essentielle demeure : comment concilier protection sociale et efficacité économique ? Le pétrole représente encore une part déterminante des recettes nationales et du financement des politiques publiques. Or, si la marge des opérateurs se réduit ou si les investissements se freinent, c’est toute la chaîne de valeur – et donc la capacité à financer le social – qui s’en trouve menacée.
L’enjeu pour le Gabon est donc clair : maintenir la solidarité sans affaiblir la compétitivité. Cela suppose une stratégie cohérente, fondée sur la modernisation des infrastructures, la maîtrise des coûts et une meilleure gouvernance du secteur. C’est à ce prix que le pays pourra transformer la rente pétrolière en levier durable de développement.
En définitive, le pétrole gabonais n’est pas seulement un atout économique : il est un instrument d’équilibre national. L’avenir du secteur dépendra de la capacité des autorités à garder ce cap : un modèle où le social ne s’oppose pas à l’économique, mais en découle ».
- Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
- Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
- En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.



