Pétrole : Le marché repart à la hausse, le Gabon relance son exploration

La Chronique

de

Jérémie Ayong Nkodjie Obame*

« Alors que les cours du pétrole s’établissent ce vendredi 24 octobre 2025 autour de 66 dollars pour le Brent et 62 dollars pour le WTI, le marché mondial reste suspendu à des signaux contradictoires. D’un côté, les sanctions américaines contre plusieurs compagnies russes alimentent la crainte d’un déficit d’offre à court terme. De l’autre, les perspectives de production à la hausse dans plusieurs pays producteurs laissent entrevoir un risque de surabondance à moyen terme.

Selon les dernières projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’offre mondiale de pétrole devrait croître de près de trois millions de barils par jour en 2025, tandis que la demande n’augmenterait que de 700 000 barils par jour. Autrement dit, le marché reste fragile : les prix se maintiennent pour l’heure à un niveau relativement stable, mais les équilibres demeurent précaires, soumis aux aléas géopolitiques et à la volatilité des anticipations.

Dans ce contexte incertain, la stratégie adoptée par le Gabon mérite attention. Alors que nombre de pays producteurs cherchent à préserver leurs recettes face à la transition énergétique, le pays fait le pari de relancer son exploration pétrolière, avec en ligne de mire la découverte de nouveaux gisements offshore. Cette dynamique est incarnée par le retour d’une major internationale, ExxonMobil, qui a récemment signé un accord de principe pour explorer de nouveaux blocs en eaux profondes. Ce signal fort traduit la confiance retrouvée des investisseurs dans l’environnement gabonais, fruit d’un travail de réformes engagé depuis plusieurs années.

Le gouvernement s’est en effet attaché à moderniser le cadre juridique et fiscal des hydrocarbures, tout en mettant l’accent sur la transparence et la bonne gouvernance. Cette politique commence à porter ses fruits : l’intérêt renouvelé des grandes compagnies traduit une perception plus favorable du climat des affaires et de la stabilité réglementaire.

Pour autant, relancer l’exploration ne signifie pas renoncer à la diversification économique. Bien au contraire. Le développement du secteur pétrolier peut servir de levier pour financer la transformation structurelle de l’économie gabonaise : infrastructures, énergie, mines, agriculture, industries vertes. Dans un monde où la transition énergétique impose une réallocation progressive des ressources, le pétrole reste un atout stratégique pour accélérer la modernisation du pays.

Cette approche équilibrée – combiner relance de l’exploration et diversification – permet au Gabon de tirer parti des cycles du marché sans en dépendre exclusivement. Elle s’inscrit dans une logique de souveraineté et d’anticipation : préparer l’avenir sans tourner le dos à la réalité présente.

Le marché pétrolier mondial est aujourd’hui marqué par un double mouvement : des tensions conjoncturelles qui soutiennent les prix, et des excédents potentiels qui pourraient les fragiliser demain. Dans ce paysage complexe, le Gabon avance avec méthode : il rouvre le champ de l’exploration, attire à nouveau les majors, réforme son cadre législatif et maintient le cap d’une diversification maîtrisée. C’est là, sans doute, la clé de sa résilience : faire du pétrole non pas une rente, mais un moteur de transition et de développement ».

  • Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
  • Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
  • En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.

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