La Chronique
de
Jérémie Ayong Nkodjie Obame*
« Les cours du pétrole mondial oscillent actuellement autour de 66 $ le baril pour le Brent et 63 $ pour le WTI, une tendance baissière qui rappelle l’urgence de repenser notre modèle de croissance. Cette conjoncture fragile, alimentée par l’indécision politique et l’instabilité des marchés, ne doit pas être une excuse ; bien au contraire, elle doit inciter le Gabon à agir avec détermination et à accélérer sa stratégie de valorisation locale de ses ressources naturelles.
Le temps où l’extraction brute suffisait est révolu. Pour que le Gabon capte une véritable valeur ajoutée et construise une économie durable et souveraine, la transformation sur place devient une voie incontournable. Raffineries nationales, unités de traitement des minerais, infrastructures industrielles secondaires : autant de leviers à mobiliser pour renforcer l’impact économique des matières premières, que ce soit dans le pétrole ou dans les mines.
Cette orientation commence à se concrétiser dans le secteur minier. Il y a quelques jours, le groupe Eramet a annoncé la création d’un poste inédit — celui de Directeur transformation en charge du développement industriel de sa chaîne de valeur au Gabon — confié à Clément Jakymiw, ancien Deputy COO en charge du minerai de manganèse. Cette nomination ne relève pas d’un simple changement de gouvernance, mais traduit clairement la volonté d’ancrer durablement une feuille de route en faveur de l’industrialisation locale. Clément Jakymiw sera directement rattaché au Directeur général d’Eramet, Paulo Castellari, et aura pour mission principale d’impulser la montée en puissance de la transformation sur le territoire gabonais.
Ce tournant stratégique s’inscrit dans un contexte national favorable. Le gouvernement gabonais a en effet décidé d’interdire, à partir de janvier 2029, l’exportation de manganèse brut, afin d’imposer un modèle qui privilégie la première transformation locale. L’expertise désormais concentrée au Gabon, portée par une direction dédiée, crée les conditions d’une véritable valorisation industrielle des ressources du pays.
Le parallèle avec le secteur pétrolier s’impose naturellement. Si les cours restent modérés, ce qui fragilise les rentrées fiscales, la clé réside moins dans l’attente des marchés que dans l’action audacieuse. Le Gabon doit bâtir des capacités sur place : de la raffinerie jusqu’aux activités industrielles annexes, c’est toute la chaîne de valeur qui doit être mobilisée pour maximiser les bénéfices et créer des retombées économiques significatives pour la nation.
Le Gabon n’entend plus se contenter d’extraire. Il veut transformer, localement et stratégiquement. Le poste fraîchement créé au sein d’Eramet en est une illustration ».
- Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
- Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
- En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.



