La Chronique
de
Jérémie Ayong Nkodjie Obame*
« À ce vendredi 31 octobre 2025, les cours du baril s’inscrivent dans une onde de faiblesse : le Brent évolue autour de 62 dollars et le WTI se situe à environ 57,5 dollars. Cette configuration traduit une pression persistante sur un marché pétrolier international où l’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile.
Sur le plan mondial, le diagnostic est clair : malgré des tensions géopolitiques récurrentes, la montée de la production aux États-Unis et au Brésil, ainsi que l’assouplissement progressif des quotas de l’OPEP+, laissent entrevoir un surplus croissant dans les mois à venir. Plusieurs grandes institutions financières anticipent d’ailleurs un marché excédentaire en 2026, avec des prix qui pourraient rester contenus si la demande mondiale ne retrouve pas un rythme plus soutenu. Pour les analystes, la zone des 65 dollars constitue un plafond difficile à franchir pour le Brent, tandis qu’une rechute sous les 60 dollars n’est pas exclue.
Dans ce contexte, l’actualité gabonaise mérite une attention particulière. À quelques jours de la visite d’Emmanuel Macron sur le continent africain, le secteur pétrolier et le secteur minier gabonais se retrouvent à la croisée de dynamiques anciennes et nouvelles. Historiquement, la France demeure un acteur majeur dans ces domaines au Gabon — notamment à travers Eramet, dont la présence dans le manganèse via Comilog en fait un pilier industriel incontournable. Mais cette influence traditionnelle est désormais challengée par une concurrence accrue, venue d’Asie, du Moyen-Orient ou d’autres régions du monde.
Dans les mines, le Gabon s’est affirmé comme deuxième producteur mondial de manganèse derrière l’Afrique du Sud, et continue de renforcer sa position. La transition vers une plus grande transformation locale, notamment avec les perspectives d’interdiction à terme des exportations de minerai brut, ouvre un nouveau cycle industriel. Dans le pétrole, la compétition est désormais frontale, et la présence française reste importante mais s’inscrit dans un paysage beaucoup plus multipolaire qu’il y a dix ou quinze ans.
C’est dans ce contexte que la visite du président français prend tout son sens. Elle intervient à un moment où le Gabon doit tirer le meilleur parti de sa nouvelle position géostratégique : s’appuyer sur un partenaire historique et fiable, tout en diversifiant ses alliances et en capitalisant sur la concurrence entre acteurs internationaux. Dans les hydrocarbures comme dans les mines, la compétition est saine lorsqu’elle sert à améliorer l’efficience, stimuler l’investissement et renforcer la souveraineté industrielle.
En conclusion, alors que les cours du pétrole évoluent dans une zone d’incertitude et que le marché mondial impose ses propres contraintes, le Gabon se trouve à un tournant. Il lui revient de conjuguer continuité stratégique et ouverture de nouveaux partenariats pour transformer ces défis en opportunités. À l’heure où Emmanuel Macron se prépare à fouler de nouveau le sol africain, c’est avant tout le moment pour le Gabon d’affirmer pleinement ses choix, ses ambitions et sa capacité à faire de cette période un véritable levier pour l’avenir ».
- Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
- Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
- En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.



