Pétrole : Quand le marché hésite, le Gabon doit avancer

La Chronique

de

Jérémie Ayong Nkodjie Obame*

« Les prix du pétrole semblent avoir retrouvé, ces dernières semaines, une certaine stabilité apparente. À la date du 1er août 2025, le baril de Brent évolue autour de 71 dollars, et celui du WTI à environ 69 dollars. Des niveaux qui pourraient paraître rassurants mais qui masquent une réalité moins linéaire.

Car si les cours ne s’effondrent pas, ils restent fragiles, portés par un équilibre instable entre une demande mondiale en demi-teinte et une offre excédentaire, notamment du fait de l’assouplissement progressif des quotas de l’OPEP+. En toile de fond : des incertitudes économiques persistantes et des tensions géopolitiques durables.

À l’échelle internationale, les grandes puissances pétrolières doivent composer avec cette nouvelle donne. Les prévisions s’accordent sur une possible lente érosion des prix d’ici 2026, en raison du ralentissement industriel en Chine, de la transition énergétique en Europe, ou encore du développement massif des énergies alternatives aux États-Unis et au Moyen-Orient.

Dans ce contexte, les pays producteurs qui n’ont pas su engager leur diversification ou structurer leur marché intérieur risquent de subir une double peine : baisse des revenus à l’exportation et dépendance accrue aux importations de produits raffinés.

C’est précisément pour éviter ce piège que nous portons, avec des partenaires, une initiative stratégique visant à doter le Gabon d’une raffinerie solaire modulaire d’une capacité de 30 000 barils/jour dans un premier temps, extensible à 90 000 barils/jour sous quatre ans.

Cette infrastructure, qui ne requiert aucune garantie d’Etat est pensée comme un projet de partenariat public–privé résolument tourné vers l’avenir. Elle permettra à notre pays de réduire fortement ses importations de carburants, de mieux valoriser sa production brute, de renforcer la souveraineté énergétique nationale, de mettre en place un stockage stratégique en produits finis et de soutenir l’emploi local, tout en s’inscrivant dans une dynamique de transition par l’intégration des énergies renouvelables.

Le pari est ambitieux. Mais il est nécessaire. En mettant fin à une forme de dépendance logistique et financière, cette raffinerie – qui conjugue efficacité industrielle et sobriété environnementale – peut devenir un levier de transformation économique pour le Gabon. Elle complète utilement l’outil existant, sans se substituer à lui, et répond à une urgence structurelle trop longtemps ignorée.

Le pétrole hésite. L’Afrique centrale s’interroge. Le Gabon, lui, peut avancer ».

  • Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
  • Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
  • En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.

 

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