DIG/ Le vice-Premier ministre en charge de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement, Bruno Ben Moubamba, était la semaine dernière à Ntoum, où il a exposé sur le nouvel ordre urbanistique.
Face à la chefferie locale, il a vanté cette vision urbanistique qui, a-t-il dit, se matérialisera, dans sa première phase, par le projet dit ‘‘Roie royale’’. Lequel vise à développer de nouvelles villes sur un rayon de 10 Km de chaque côté de la Nationale 1, en excluant les zones villageoises sur une bande de 500 mètres.
Il s’agit d’un plan d’aménagement des parcelles et de construction de logements qui, dans sa première phase, touchera Essassa, dans le deuxième arrondissement de Ntoum.
Deux espaces y ont été attribués à autant d’entreprises. L’un (490 ha) à SCI Eden, et l’autre (584 ha) à SCI Ciel Ressources. Ce qui fait en tout 1074 ha, pour un total de 7000 logements à construire et des parcelles à aménager.
Réaction* L’ambitieux projet exposé par le membre du gouvernement a tout de suite suscité la réaction des populations de la zone concernée par sa première phase.
Ainsi, se sont-elles retrouvées récemment à l’école catholique d’Essassa pour une rencontre d’information et de décision, à l’issue de laquelle elles ont exprimé leur indignation face à ce qu’elles considèrent comme étant un acharnement de la part des politiques qui tiennent à les déguerpir d’une localité qui les a vu naître et grandir.
Une réaction qui se justifie par le fait qu’une partie de leurs terres a déjà été accaparée pour les besoins de la Zone économique à régime privilégié de Nkok.
En parlant d’acharnement, les habitants d’Essassa se sont remémorés une menace similaire dont ils ont fait l’objet en 2012. Faisant allusion au pharaonique projet immobilier qui devait être réalisé dans cette partie de l’Estuaire.
Il avait été présenté comme propriété du gouvernement par des hauts responsables du ministère de l’Habitat, géré à l’époque par Blaise Louembé. Mais, fait étonnant, le Premier ministre d’alors, Paul Biyoghe Mba, dira aux populations qu’il n’en était nullement informé.
D’aucuns s’étaient d’ailleurs demandé s’il était réellement au fait des dossiers suivis par ses ministres. «On a commencé à comprendre qu’il s’agissait d’une affaire montée par des personnes proches du pouvoir, qui voulaient simplement nous déposséder de nos terres», se souvient un habitant, qui a révélé que dans cette contrée, plusieurs hauts responsables politiques y ont acheté des domaines auprès des compatriotes nécessiteux.
Pour les habitants d’Essassa, l’argumentaire selon lequel ‘‘la terre appartient à l’Etat’’ est fallacieux, dans la mesure où il n’existe, nulle part au monde, un Etat reconnu sans populations. D’où la question posée par eux, sur fond d’ironie, celle de savoir à qui appartiennent alors les populations si c’est seulement la terre qui appartient à l’Etat. Non sans réaliser que le ministère en charge de l’Habitat n’a qu’une connaissance ancienne et erronée d’une localité qui poursuit son développement grâce aux 10 000 âmes qui l’habitent.
Par ailleurs, si elles ne doutent pas de la capacité des gouvernants à mobiliser des financements nécessaires pour la réalisation de ce type de projets, les populations d’Essassa qui croient en l’action du président de la République et en sa politique de l’égalité des chances, conseillent de cesser de vendre du vent au numéro un gabonais.
Car le projet ‘‘Voie royale’’ est censé partir de Libreville (PK 12) jusqu’à Lambaréné, selon un document qui proviendrait du ministère de l’Habitat.
Un document sujet à caution, puisqu’il s’agit d’un décret signé du vice-Premier ministre Bruno Ben Moubamba, alors que seul le président de la République est amabilité à signer un décret.