Quand le pétrole reprend souffle, le Gabon doit préparer l’après-boom

La Chronique

de

Jérémie Ayong Nkodjie Obame*

« Alors que, ce vendredi 5 décembre 2025, le baril de Brent évolue autour de 64 $ et le baril de WTI atteint près de 60 $, le marché pétrolier mondial semble renouer avec l’instabilité, précipité par des tensions géopolitiques persistantes et des craintes de ruptures d’approvisionnement.

À l’échelle globale, le regain d’inquiétude lié aux affrontements géopolitiques notamment en Europe de l’Est et aux – implications de ces confrontations sur les infrastructures énergétiques – ravive la prime de risque sur le brut. Dans le même temps, la perspective d’un assouplissement des taux directeurs aux États-Unis renforce les anticipations d’une remontée de la demande, tandis que les membres de OPEC+ maintiennent un cap prudent, évitant un relâchement trop brusque de l’offre. Malgré tout, l’équilibre demeure fragile : la demande peine à s’imposer comme moteur durable face à des stocks mondiaux encore élevés, et plusieurs prévisions tablent sur un retour à des prix plus modérés en 2026.

Dans ce contexte mondialisé, le cas de Gabon exige une lecture lucide et prospective. Le pétrole reste un pilier central de son économie : en 2024, le secteur des matières premières – pétrole, bois, manganèse – a soutenu la croissance, évaluée à 2,9 %. Toutefois, cette dépendance cruciale s’accompagne d’une vulnérabilité importante : à la moindre fluctuation des cours, les recettes publiques, les investissements et les programmes sociaux se retrouvent exposés.

Or, certains signaux récents pourraient inciter Libreville à se préparer à un futur où le pétrole ne serait plus synonyme de certitudes. La modération des anticipations sur le cours du Brent pour les prochains mois, couplée à l’incertitude entourant la demande mondiale, appelle à une diversification économique et à un renforcement du contenu local dans la chaîne énergétique. C’est dans cet esprit que les autorités doivent accélérer les réformes structurelles – développement des filières nationales, valorisation des autres ressources naturelles, développement d’infrastructures durables – afin de bâtir un Gabon moins tributaire des soubresauts du marché pétrolier.

En conclusion, l’envolée récente des cours du pétrole offre au Gabon une fenêtre de répit et d’opportunité. Mais le véritable pari réside dans la sagesse avec laquelle le pays utilisera ces ressources pour bâtir une économie résiliente, fondée sur une diversification réelle et sur l’inclusion de ses acteurs nationaux. Faute de quoi, à la prochaine chute des prix, c’est tout le modèle de croissance qui pourrait vaciller ».

  • Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
  • Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
  • En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.

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