DIG / Alors que Bloomberg classe le Gabon parmi les emprunteurs les plus vulnérables d’Afrique, avec un spread dépassant 1 000 points de base, le gouvernement a décidé de réagir de manière indirecte.
Dans un communiqué officiel publié le 14 novembre 2025, le ministère de l’Economie a présenté une refonte complète de sa politique économique et budgétaire, conçue pour répondre précisément aux critiques des marchés tout en plaçant les Gabonais au cœur de la relance.
Un diagnostic partagé, une réponse souveraine
Le rapport de Bloomberg pointe deux faiblesses réelles : l’instabilité perçue depuis la Transition et la fragilité structurelle de l’économie gabonaise, marquée par une forte dépendance au pétrole et un endettement hérité.
Le gouvernement reconnaît ces défis, mais refuse la fatalité.
L’exécutif indique avoir opéré un changement de paradigme : fini les budgets dominés par les charges de fonctionnement ; place à un budget d’investissement volontariste, axé sur les six priorités nationales — énergie, eau, éducation, santé, habitat, infrastructures et industrialisation.
Réformes concrètes, financements maîtrisés
Depuis l’arrivée de la Transition, le gouvernement se défend d’avoir adopté une série de réformes structurelles :
-Opérationnalisation du Compte Unique du Trésor (CUT),
-Déploiement du Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFIP),
-Suspension des exonérations fiscales,
-Rationalisation des subventions,
-Création d’une plateforme de suivi des investissements publics et des entreprises publiques.
Surtout, le ministère de l’Economie soutient avoir adopté une nouvelle stratégie de financement : 60 % en monnaie locale, 40 % en devises.
Une décision cruciale pour réduire la dépendance au dollar, protéger les réserves et éviter les écueils d’un endettement extérieur qui, dans le passé, n’a pas financé le développement réel du pays.
« À quoi et à qui a servi cet endettement ? », s’interroge le gouvernement, soulignant que désormais, tout emprunt devra servir des projets productifs, générateurs d’emplois et de valeur ajoutée locale.
Croissance inclusive et responsabilité historique
Le Gabon table sur une croissance de 6,5 % en 2026, portée par des pôles concrets : agriculture, transformation locale, bois, mines, énergie et services.
Cette relance s’appuie aussi sur des leviers internes : la BCEG (7,7 milliards FCFA de crédits déjà débloqués), l’introduction en Bourse de BGFI Holding (125 milliards FCFA à lever dans la CEMAC), et les garanties publiques à hauteur de 30 milliards FCFA.
Enfin, le gouvernement rappelle un fait souvent oublié : depuis 2007, le Gabon a toujours honoré ses engagements envers ses créanciers internationaux.



