Relèvement des prix des carburants : L’analyse « froide » de Raymond Ndong Sima

DIG/« Pour la troisième fois en trois mois les prix des carburants viennent d’être revus à la hausse. Globalement, sur la période, l’essence a augmenté de 8,2% et le gasoil (dans lequel nombre d’automobilistes s’étaient réfugiés pour contenir leurs budgets) de 11,2%. 

Le mécanisme institué par le décret n°274/PR/MPH du 21 mai 2015 et l’arrêté n°0017/MEPPDD/MPH du 29 septembre 2017 déterminant les modalités de fixation des éléments de la structure des prix des produits pétroliers mis en consommation est, à première vue, rentable pour les finances publiques.

Mais cette indexation des prix des produits pétroliers sur ceux du pétrole brut du marché international est une erreur. Derrière une apparente efficience économique, elle nourrit directement l’inflation et compromet un peu plus la compétitivité des activités locales à faible valeur ajoutée : Bonjour l’augmentation des prix du KW, du taxi, du pain etc. et leur corollaire les revendications sur les augmentations de salaires ?

Plus grave, ce mécanisme implique que, lorsque les prix du pétrole baisseront sur le marché international (entrainant la baisse des revenus des sociétés pétrolières et donc celle de leurs impôts), l’État devra également faire face à une baisse de ses revenus sur les produits pétroliers mis en consommation.

Il s’agit donc d’un mauvais conseil donné au gouvernement et d’une mauvaise décision prise à trois reprises par ce dernier. Pendant qu’on y est, il serait plus logique de laisser flotter ces prix et d’afficher publiquement tous les jours l’ensemble des paramètres qui entrent désormais dans la formation des prix des produits pétroliers pour bien nous assurer que le mécanisme joue et jouera dans les deux sens. 

Les augmentations de prix constituent une fuite en avant malsaine. L’intérêt national commande de contenir les prix y compris en renonçant à des recettes assises sur un nœud névralgique de l’économie et d’agir pour améliorer le pouvoir d’achat. Dans le cas d’espèce, le gouvernement alimente lui même un enchainement qui fragilise à court terme l’ensemble de la petite économie locale et qui le mettra en plus grande difficulté lorsque le marché international se retournera et il ne manquera pas de le faire. »

Raymond Ndong Sima

 

apropos de l auteur

La Redaction

Laisser un commentaire