DIG/ Le scandale qui secoue actuellement la Poste S.A avec la suspension du PDG et 10 hautes cadres de l’entreprise « pour gestion opaque » cache t-elle en réalité un règlement de compte ?
Pour le syndicat national des postiers (Synaposte), il ne fait aucun doute que le modus opérandi laisse transparaître un règlement de compte.
Selon son secrétaire général, la ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong, aurait dû suspendre toute l’équipe managériale et non cibler quelques individus.
« Il aurait été souhaitable que la ministre et ses équipes fassent un audit de l’entreprise à partir de l’année 2015.
Nous le Synaposte, nous ne comprenons pas pourquoi l’audit de la Poste débute seulement de 2023 jusqu’à aujourd’hui. Nous constatons comme une certaine cabale contre Mr Eric Raynard Ndama (…).
Car si un gouvernement a échoué, et on suspend le Premier ministre, c’est tout le gouvernement qui doit être sanctionné. Or dans le cas de la Poste, nous constatons que certaines personnes ont été sanctionnées et d’autres pas. Tout le monde aurait dû être suspendu pour nécessité d’enquête », regrette le SG du Synaposte, David Mamboundou.
D’après les confidences d’autres agents, Jean Eric Raynard Ndama et son directoire aurait procédé à des nominations parentales avec l’octroi de primes abusives augmentant la masse salariale déjà critique de l’entreprise.
Il aurait également créé des nouveaux postes jugés inutiles avec des conseillers surpayés en octroyant les avantages en nature au profit de quelques protégés.
Des méthodes également décriées par le Synaposte, qui dénonce, par contre, un entourage toxique et sans expérience qui gravite autour du PDG dont il reconnaisse, certaines qualités.
« Ce que je peux reprocher au PDG, c’est de s’être entouré de personnes qui n’ont jamais fait l’unanimité en tant que gestionnaires d’entreprise.
Il aurait dû changer d’équipe dès sa prise de fonction.
C’est dommage qu’il se soit entouré de personnes peu recommandables. Nous souhaitons juste que l’enquête dont ces responsables font l’objet soit rendu publique (…) », a indiqué le secrétaire général du Synaposte,
Interrogations
Une personnalité très au fait du dossier s’est également interrogé sur la célérité de cette décision et des contours obscurs qui l’entourent.
« Suspendre un PDG d’une société anonyme avec un conseil d’administration, sans preuves claires et en invoquant des « gestions opaques », soulève de sérieuses questions sur la transparence de la procédure.
Pourquoi limiter l’audit à une période aussi courte, d’octobre 2023 à ce jour, alors que la Poste est en déclin depuis plusieurs années ?
Un audit doit prendre en compte l’historique complet de la gestion pour établir un diagnostic juste et permettre des réformes structurelles pertinentes.
Cette décision semble omettre les défaillances passées qui ont contribué à la situation actuelle, et focaliser seulement sur les derniers mois peut fausser l’analyse.
Enfin, où est passée la présomption d’innocence ? Dans tout processus judiciaire ou administratif, une personne doit être considérée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée.
Suspendre immédiatement une équipe entière sans preuves concluantes revient à prononcer un jugement avant même que l’enquête ne soit finalisée. Un tel procédé entraînera des préjudices irrémédiables pour les personnes concernées ».