« À quelques mois de la fin du mandat de l’Administrateur Provisoire avec pour mission centrale de redresser la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), soit un an après le début de son mandant, il n’est pas inopportun pour l’Association Nationale des Retraités du Gabon en abrégé ANAREG, de dresser le bilan de cette étape et son ressenti par les retraités.
Si les donneurs d’ordres de ce mode de gestion atypique à la Sécurité Sociale se satisfont des résultats non perceptibles par les bénéficiaires des services à offrir, au point de proroger le mandat de l’Administrateur Provisoire, comme il se plait à l’annoncer lui-même ; pour les retraités, notamment ceux membres de l’ANAREG, la mise en place de l’Administration Provisoire qui avait été justifiée par l’urgence des reformes n’a fait qu’aggraver les difficultés de la CNSS et fragiliser un peu plus sa durabilité, sa résilience ; puis accentuer la paupérisation des retraités et de leurs ayants-droit.
En l’absence d’une feuille de route discutée et connue de l’ensemble des parties-prenantes, aucune réforme, quel qu’en soit le niveau n’a été entreprise. Si les retraités locaux déjà bénéficiaires de pensions sont payés bon an, mal an, ce n’est pas le cas de ceux résidents à l’étranger qui cumulent plusieurs mois d’impayés malgré les promesses de l’Administrateur Provisoire himself.
Un moment donné pour justifier ces retards de paiements insupportables, on a voulu leur servir l’alibi des KYC exigés par la BEAC aux personnes morales en Europe, alors que seul le RIB suffit en Afrique pour effectuer les transactions bancaires. Cet argument qui dissimulait en réalité des difficultés de trésorerie a été battu en brèche.
Contre les restructurations organisationnelles, financières et structurelles très attendues jusqu’à présent, nous avons plutôt assisté à la prise de décisions iniques allant jusqu’à la suppression d’acquis légaux des salariés sans négociation préalable telle que prévu par les textes et procédures en vigueur. Les effets collatéraux de ses agissements ont non seulement fait perdre la trésorerie dont a besoin la Caisse, mais également fragilisé le climat de confiance et de quiétude avec les salariés sans lequel, chaque proposition de réformes peut être conflictuelle.
A ce jour, aucun audit permettant de définir le niveau des effectifs cible nécessaire à l’accomplissement des missions régaliennes de la CNSS, son niveau réel de charges administratives couvrant l’efficience du service des prestations et la charge technique réel, n’a été effectué et publié aux parties prenantes. On continue d’assister impuissant à :
– une dégradation croissante de notre organisme de Sécurité Sociale qui est un patrimoine commun à tous les gabonais, retraités, actuels et futurs ;
– un enrichissement de ces nouveaux dirigeants qui ignorent les notions de base des Organes de Protection Sociale et dont le train de vie n’a rien à envier à l’ancienne équipe dirigeante ;
– une impunité pourtant décriée mais qui se poursuit en complicité avec certains gouvernants, malgré la plainte initiée par l’ANAREG, puis étouffée par l’autorité judiciaire ;
– une absence totale de dialogue social et un mépris affiché vis à vis des partenaires sociaux, notamment les parties prenantes.
Coutumier des artifices pour détourner l’attention de l’opinion, la Tutelle déclare un satisfecit et annonce une énième mission d’immersion dans d’autres Caisses de la Sous-région sans que les précédentes eurent été suivies de mesures correctives bénéfiques à la gestion de nos Organismes de Sécurité Sociale. Ne s’agit-il pas d’une nouvelle villégiature entre copains et coquins pour se distribuer des perdiem au grand dam de ceux qui cotisent et attendent leurs pensions depuis des années ?
La même Tutelle affirme sans en avoir la certitude, que la procédure de paiement biométrique des retraités serait actuellement effective à la CNSS, alors que la Caisse n’a ni la maitrise, ni les moyens de s’offrir un tel outil au regard de ses difficultés à assurer l’essentiel de ses missions régaliennes.
Enfin, à vouloir toujours procéder en dehors des normes qui régissent les Organismes de Prévoyance Sociale, le Ministre en charge des Affaires Sociales a-t-il tiré les enseignements du rejet par l’Assemblée Nationale, des deux projets de loi concernant la CNSS et la CNAMGS ? Un rejet pour lequel l’ANAREG a été fortement impliquée grâce à sa bonne connaissance des textes de loi en vigueur relative à ces deux Institutions.
Pour l’ANAREG, la poursuite de cette Administration provisoire est illusoire à deux titres.
- La sortie de l’Administration Provisoire n’a que deux issues : la recapitalisation, dans le cas de la CNSS l’injection de ressources financières couvrant la période de restructuration tel que proposé par le Cabinet FINACTU, ou la liquidation pure et simple qui ne serait pas la meilleure solution pour le maintien de la paix sociale.
- L’expérience et les résultats de la première année de l’administration provisoire, ne sont pas de nature à convaincre les opérateurs économiques et les bénéficiaires des prestations en faveur d’une restructuration susceptible d’assurer la durabilité de cet outil, socle de politique sociale du Gouvernement.
Il faut donc sans délai mettre un terme à l’Administration Provisoire, qui du reste aurait dû être prononcée par une cour, pour revenir aux standards avec, la mise place des Organes de gouvernance édictés par les lois, règlements et traités internationaux que notre pays le Gabon est pourtant censé respecter .
Dans cette hypothèse, le Patronat, les Syndicats de salariés et les retraités sont interpelés pour jouer leur partition comme il se doit.
Pour terminer, l’ANAREG s’interroge et a de fortes inquiétudes sur l’apathie, l’aphonie et le laxisme qui caractérisent les employés du secteur ainsi que leurs employeurs qui permettent de garantir le paiement régulier des pensions. Qu’en sera-t-il demain quand ces employés seront retraités à leur tour ? »
Libreville, le 22 mars 2023
Les Bureaux de l’ANAREG