Affaire des squatters de Bikélé et d’Angondgé, détournement de 250 milliards de francs au ministère de l’Habitat, réforme de l’ANUTTC, interpellation à l’Assemblée nationale…
Politicien atypique pour certains, téméraire pour d’autres , le Vice-Premier ministre en Charge de l’Habitat dézingue, sans complaisance dans un entretien accordé au quotidien « L’Union », ses prédécesseurs au poste ainsi que certains directeurs généraux qui ont érigé, en véritable potentat, certaines structures stratégiques du ministère.
Entretien
Monsieur, le Vice-Premier Ministre, quel bilan faites-vous de vos 100 premiers jours à la tête du ministère de l’Habitat et du Logement par rapport aux objectifs qui vous ont été fixés par le Premier ministre. Notamment, l’achèvement des travaux de VRD, d’adduction d’eau et d’électricité dans les nouveaux lotissements de Bikélé et Angondjé ?
Bruno Ben Moubamba : C’est un honneur pour moi de recevoir le quotidien national l’Union et j’espère que ce ne sera pas le premier et le dernier rendez-vous.
Sur les 5 actions prioritaires des 100 jours qui m’ont été fixées, je reviendrai toute à l’heure sur l’achèvement des travaux. Permettez-moi de détailler de manière précise la régularisation des conflits de la situation résultant de l’occupation illégale des logements sociaux d’Angondjé et de Bikélé. Comme vous le savez, nous avons d’abord consulté tous les collectifs engagés dans ces zones devenues des zones de non droit et d’incivisme absolu où l’autorité de l’Etat a été défiée. Nous avons consulté les ayants droit et les occupants illégaux. Nous avons listé la plupart des acteurs engagés. Ce qui nous a amené à proposer aux illégaux de sortir des logements avant d’être régularisés éventuellement. Le processus étant simplement défini, c’est-à-dire qu’on régularise ceux qui sont régularisables et on expulse ceux qui ne veulent pas respecter la loi, enfin on accompagne les cas sociaux.
La plupart des collectifs ont été réunis et cela nous a conduit à un « modus vivendi ».Chacun a marqué son accord. Ensuite, il y a eu un changement de position, après que les illégaux aient eu droit à un report de 8 jours. Ils ont renoncé à un certain nombre d’engagements qu’ils ont pris au ministère. Raison pour laquelle, nous avons engagé un huissier de justice avec l’Agent Judiciaire de l’Etat. Il y a eu des constats sur le terrain. Nous nous sommes rendus compte qu’il y a un certain nombre de maisons qui ont été abandonnées. Et cela conduit à des zones d’incivisme, d’où j’accuse les présidents des collectifs d’être à la tête finalement des mafias qui rançonnent des populations.
Pourtant les présidents des collectifs avaient pris un engagement ferme envers l’Etat ?
Il y a des collectifs qui rançonnent des populations. Pour avoir le droit à une maison, il faut par exemple 300.000frs Cfa au minimum. Si on ne remet pas de l’ordre, tous les logements et toutes les parcelles à venir seront squattés.
Avez-vous des preuves de toutes ces affirmations M. le Vice-Premier Ministre ?
Effectivement ! Nous avons des services qui sont allés sur place. Nous savons que c’est devenu des zones d’incivisme et de non droit. S’ils ne veulent pas quitter des maisons, c’est parce que certains savent que c’est devenu un business pour avoir de l’argent sur le dos de l’Etat. Les présidents des collectifs n’y habitent pas et bien d’autres. Des maisons qui ont été construites par l’Etat, on en fait de la sous-location ? On marchande, on ne veut pas partir et on profite de la souffrance des populations. C’est de l’exploitation !
Ils sont manipulés par une partie des politiciens radicaux et complotistes qui veulent empêcher le programme des 5000 logements qui avaient été engagés dans le premier mandat de voir le jour.
Qui peut-être derrière tout ça, Monsieur le Vice-Premier Ministre ?
Il y a d’abord des mafias et un certain nombre de politiciens irresponsables.
Vous avez des noms ?
J’accuse certains de faire partie ou d’être contrôlés par des mouvements politiques mal intentionnés. Je dis que cela est regrettable. On ne peut pas encourager l’incivisme car les populations ne sont plus protégées. Alors les gens sont fâchés car on estime qu’on devrait donner les maisons cadeau à des populations qui ont besoin de logements sociaux. Sans modèle économique ?
J’estime que nous avons été extrêmement généreux en prolongeant les délais de grâce. Nous avons même proposé de redistribuer quelques maisons à ceux qui respecteront la loi.
C’était le 30 novembre, le dernier délai M. le Vice-Premier Ministre…
Oui c’était le 30 novembre le dernier délai. À partir du 1er Décembre, nous pouvons désormais faire appel à la force publique.
Nous avons saisi le Procureur de la République. Une fois le Procureur saisi, nous procéderons à des expulsions. Il faut noter que ce n’est pas un langage négatif que je répands. Les populations doivent comprendre qu’il faut remettre de l’ordre. Je suis rentré dans ce ministère avec un mot d’ordre : le nouvel ordre urbanistique, la fin du désordre. Et nous avons un projet de réaménagement et des plans dans tout le pays, pour produire des parcelles afin d’avoir des logements, pas seulement dans la rénovation des quartiers. Nous travaillons de manière à redévelopper « l’épine dorsale » du pays tout au long de la route nationale 1.
Je suis heureux de vous annoncer que la Baie des Rois urbanistique au Pk0 sera l’endroit d’où va démarrer le nouvel ordre urbanistique du pays. On pourra retrouver un nouveau centre ville à partir de l’ancienne gare routière, Stfo, Stade Omnisport Mont-Bouët etc… Il y a une volonté pour faire en sorte que le pays soit mieux organisé, parce que c’est une niche de croissance économique. La relance économique est aussi compatible avec le bâtiment. Et cela peut se faire avec la participation des populations.
Par ailleurs, nous avons entamé le renforcement du dispositif législatif et réglementaire. Nous travaillons sur la loi 7 qui va permettre de mettre en place une ordonnance qui va enclencher la réforme de l’ANUTTC, entre autre.
Qu’est ce qui va changer à l’ANUTTC ?
L’ANUTTC ne peut pas en même temps être l’organisme qui est à la base de l’affectation et être responsable de l’attribution des parcelles. C’est une superbe agence mais qui ne peut pas tout faire. Elle ne peut pas en même temps faire le travail de l’administration centrale et le travail des collectivités locales. C’est une usine à gaz qu’il faut simplifier en appliquant une forme de choc de simplification à l’ANUTTC pour revoir les capacités de cette agence. Aujourd’hui, nous avons besoin d’aller vers le guichet unique. Il y a trop de dispersions dans notre administration, il faut arriver à rationnaliser tout cela et l’ANUTTC est devenue une usine à gaz qui ne permet pas de faciliter le projet de donner un titre foncier à tous les gabonais. Elle doit attribuer les terrains et non les affecter.
Pourtant, l’ANUTTC se vante d’avoir réussi à réduire le nombre de jours pour l’obtention d’un titre foncier…
J’ai visité la Direction générale du Cadastre. Si vous voyez dans quel état sont conservés les titres fonciers de la République, où il n’y a aucune dématérialisation. C’est vraiment déplorable. Le pays est à moderniser en la matière. On reste toujours comme à l’époque dans les années 60. Il n’y a pas eu dans ce domaine un sot qualitatif. Aujourd’hui, il y a une querelle de compétence entre l’ANUTTC et la Direction générale du ministère de l’Urbanisme et l’Habitat Social du Logement. Il faut absolument revoir tout cela.
Le renforcement de dispositif législatif règlementaire existant en vue de nouvelles normes urbanistiques et patrimoniales fait partie justement de la troisième action prioritaire. Nous allons à cet effet, faire signer au Président de la République une ordonnance qui permet de reformer l’ANUTTC. Ensuite y a la réforme de la gouvernance des outils d’appui de la politique de l’habitat et du logement. J’ai convoqué une réunion entre l’administration du PSGE et l’ANGT. Tout le monde travaille ensemble en ce moment pour produire le schéma directeur d’aménagement de Libreville, le grand Libreville. C’est quasiment prêt. Il va aussi y avoir un plan d’aménagement de Port-Gentil où règne l’anarchie la plus totale. Et je voudrais y mettre fin au nom du gouvernement et sous la responsabilité du Chef de l’Etat, le Président de la République qui a fait confiance à une personnalité hors système comme la mienne. La brigade urbaine va être réactivée pour qu’on puisse à travers un décret qui encadre les démolitions pouvoir amener de l’ordre. Tout le monde ne peut pas s’installer où il veut et faire ce qu’il veut.
Avez-vous l’appui de tous vos collègues ?
D’abord moi je n’applique pas mon programme, j’applique le programme du Président de la République celui de « l’Egalité des chances » pour inventer ce qui n’existe pas encore.
Permettez-moi de revenir très rapidement sur l’achèvement des travaux de VRD, d’adduction d’eau et d’électricité dans les nouveaux lotissements d’Angondjé et de Bikélé. Il y a des actions qui ont été menées par les services du département en charge des ressources hydrauliques, et de la Société d’énergie et d’eau du Gabon. Il y a eu des actions de terrain. Je vais demander un rapport à la SNLS chargé des dossiers de Bikélé et d’Angondjé. Mais en tout cas sur la SNLS je dois constater qu’à ce jour la SNLS n’a toujours perçu aucun loyer sur le site d’Angondjé. C’est-à-dire qu’on est dans un pays où les sociétés nationales font perdre des centaines de milliards à l’Etat tous les ans. Et on ne fait rien.
Comment expliquez-vous que la SNLS ne perçoive, à ce jour, aucun loyer ?
Je suppose qu’il y a des mauvais modèles économiques que ce soit la SNLS, la SNI ou ailleurs. On est avec des acteurs qui pensent avoir des « titres fonciers » sur leurs directions. On a donc des gens qui se croient intouchables et qui parfois ne savent pas se remettre en question. Il suffit de critiquer cela pour que l’on dise que le Vice-Premier Ministre en fait trop ! Il n’a qu’à s’occuper de ce qui le regarde. Mais moi je n’ai pas été nommé pour couvrir le désordre ou l’hémorragie financière. J’ai bien été pris dans l’opposition non pas pour faire le convivialisme. J’ai été nommé pour faire bouger les lignes. Je préfère faire des erreurs que d’être dans l’immobilisme. On est tous d’accord que le système est épuisé. Il faut donc le changer avec des nouvelles intelligences tout en préservant les acquis des anciens. Mais on ne peut pas aujourd’hui faire comme si tout allait bien. Ce n’est pas possible moi je m’oppose à cela.
Finalement, quelle est votre marge de manœuvre par rapport à cette situation à Angondjé et à Bikélé, quand on sait que malgré vos ultimatums, aucune de ses populations n’a daigné déguerpir …
Je constate que les gens veulent l’affrontement. Mais, il n’appartient pas à un ministre d’encourager l’affrontement. Il faut rétablir l’ordre dans des espaces où l’incivisme ou la criminalité règne. Il y a quand même des collectifs qui ont organisé une économie parallèle dans des maisons construites par l’Etat. Ce qui me surprend est le fait de savoir qu’il y a des acteurs qui les soutiennent. Il y a des membres même de mon administration, des acteurs clés de notre Etat qui encouragent ce désordre. J’ai des noms et des preuves d’acteurs qui encouragent le désordre, mais je ne peux pas le faire. Ce n’est pas normal !
Il faut savoir que je ne suis pas comptable de tout ce désordre. Je n’étais pas au gouvernement quand tout ce désordre s’est produit. C’est que je suis responsable parce que je suis à la tête du ministère. Toutefois, il y a bien une raison pour laquelle on s’est retrouvé dans cette situation. Et cela va depuis les élections présidentielles où le Président de la République s’est retrouvé avec des faux amis. C’est à-dire des personnes qui viennent lui dire que « tout va bien » or rien ne va. Et je vous assure que derrière Angondjé et Bikélé, il y a des personnalités qui veulent faire échouer le Président de la République par rapport à son programme des 5000 logements. Moi je fais confiance au Premier ministre, au Ministre de la Défense, au Ministre de l’Intérieur et au Ministre de la Justice, pour que force reste à la loi. Ce n’est pas le dossier de Moubamba. Il est vrai que je gère. C’est un dossier qui est géré solidairement par tout le gouvernement,
Pourtant, dans ce dossier, on ne voit pas vos collègues du gouvernement adopter, comme vous, une posture aussi ferme…Ne vous sentez-vous un peu isolé ?
Je dis non. C’est le problème du gouvernement et non celui du Vice-Premier Ministre. Je suis responsable et non coupable. Et je n’en fais pas un problème personnel comme peuvent le penser certains. Ceux qui veulent me faire échouer se mettent le doigt dans l’œil. Je suis d’ailleurs un humanitaire à la base, voilà pourquoi j’ai dit en entrant au gouvernement d’ouverture que je me suis arraché les boyaux et les tripes pour la nation.
Ce dossier manipulé par l’opposition radicale est celui du gouvernement et il doit prendre ses responsabilités. Je suis là au-delà de mes positions antérieures qui étaient des positions radicales. J’ai donc mis de l’eau dans mon vin pour la stabilité du pays. Mais il y a des choses que je ne vais jamais tolérer. Je ne rentrerai jamais dans les compromissions. On ne va pas changer ma nature.
Le Président de la République et moi avions une alliance objective pour la Nation et je lui fais confiance. Cette alliance est basée sur la préservation et la stabilité de l’Etat, la volonté d’empêcher le chaos dans lequel veulent nous entrainer certains acteurs qui font une mauvaise lecture des évènements. Je suis un opposant intelligent. Je ne suis pas un illuminé. Je sais donc ce que je fais. Et je dis que c’est un dossier du gouvernement et non un dossier personnel.
Des bruits au sein de votre département vous accusent d’avoir fait main basse dès votre arrivée au ministère sur les terrains de la section YU8 au lieu-dit Mveng-Ayong dans la commune d’Akanda. Vous auriez, dit-on, annulé toutes les réservations pour les remplacer par une autre liste à votre convenance. Que répondez-vous à ces accusations ?
S’agissant du lotissement de la section YU8 à Angondjé, après examen de ce dossier et des informations obtenues sur ce sujet, il m’a été donné de constater que sur la liste des réservataires des parcelles, plusieurs noms des personnes non identifiées avaient été utilisés par certains cadres de l’administration, voire même des personnalités de la République, afin de se faire attribuer des parcelles au-delà des superficies autorisées en la matière.
En réalité, j’ai trouvé un conflit entre une liste présentée par le Ministre Emane Nsolet et une liste présentée par le Ministre Guedon. Et ensuite une liste constituée des déguerpis de Marseille et Mveng Ayong. J’ai donc harmonisé toutes les listes. J’ai trouvé des listes que j’ai nettoyées pour un problème qui durait depuis 3 ans. Après j’ai priorisé des déguerpis de Marseille et Mveng Ayong (130). Donc, il n’y a pas de liste Moubamba et il n’y en aura jamais.
Pour être plus pratique, quelles seront les priorités de votre département pour l’année 2017 ? Combien de logements sociaux comptez-vous construire cette année avec la modeste enveloppe qui vous sera allouée ?
On avait zéro budget d’investissement pour 2017. J’ai écrit au Premier ministre pour lui faire état de la situation, lui disant que ce budget est prioritaire pour le Président de la République. Il m’a répondu, en me disant qu’il y aura un collectif budgétaire et que ce ministère disposera d’un budget d’investissement. Nous verrons sur le contenu de cette enveloppe additionnelle.
Excusez-moi M. le Vice-premier ministre, vous dites que votre département n’a pas obtenu de budget d’investissement pour l’année 2017 ?
Ce n’est pas une chose étonnante. Il y a eu un détournement de 250 milliards de francs qui a entraîné la fermeture du ministère en 2011 et depuis il n’y a plus eu de budget d’investissement. Ce n’est pas Moubamba qui a utilisé les 250 milliards de francs à l’Habitat. Il y a des gens qui sont passés ici, qui ont mangé 250 milliards de francs et pensent qu’ils s’en tireront à bon compte. Moi je ferai un audit de l’Habitat, dès que je trouverai le cabinet qu’il faut pour effectuer cette opération. Je ne pense qu’on m’a envoyé ici pour m’humilier ou me faire passer pour un acteur peu crédible. Je ne peux pas fonctionner avec un ministère sans budget d’investissement. Il se trouve qu’on est en récession budgétaire. J’espère que la situation va s’améliorer. Je compte développer certes des partenariats publics et privés. J’ai déjà signé avec des promoteurs. Le meilleur reste à venir.
Je réitère ma question Mr le VPM. Pour 2017, vous prévoyez construire combien de logements sociaux ?
Dans les 16 engagements du candidat Ali Bongo Ondimba, il avait prévu de construire plus de 13 000 logements. Certains n’ont pas considéré mes propos quand j’ai dit que j’allais construire 10 000 logements. On peut construire 10 000 logements pour 2017. On peut engager les chantiers de 10 000 logements. Sous ce magistère le chantier de la cité des 3 dorades près du stade de Ntchengue à Port-Gentil, va reprendre : 1 000 logements. Je vais réactiver aussi à Libreville le dossier des déguerpis des bassins versants de Nzeng-ayong. Dans quelque mois, ils vont s’installer gratuitement vers Okolassi : 1 000 logements. Vous savez, si on ne fait pas bien les choses dans ce pays, c’est d’une part à cause du manque de vision, de la corruption et du « mauvais cœur ». Ensemble, nous pouvons faire de grandes choses dans ce pays. Nous sommes moins de 2 millions d’habitants, nous sommes riches, on a des capacités invraisemblables.
Vos 5 prédécesseurs avaient pourtant aussi le même discours teinté d’optimisme…
Moi je réussirai ! Pourquoi ? Parce que je viens au nom du Seigneur, comme David devant Goliath. Et Goliath est un système de méchanceté gratuite.
En tant que politicien très avisé, vous ne voyez pas ca comme un piège de vous avoir attribué un ministère à problèmes comme l’Habitat ?
Non, je suis un homme de défis. J’ai de la fierté à m’occuper de ce ministère très concret, très pratique. L’œil ne ment pas. Après tout, je viens au nom du Seigneur non ?
Vous ne craignez pas que les lobbies fassent tout pour vous faire échouer ?
A vrai dire, je me suis engagé librement. Pas pour venir m’enrichir dans ce département. Je suis au service de l’Etat, j’agis sur commande, je fais mon job. Je fais mon devoir et je suis libre. Je ne suis pas un excité par le pouvoir. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de vie en dehors du gouvernement. Où est le piège là-dedans ? Je suis libre de dire oui ou non. Est-ce que c’est fou ? Donc, ce que les gens peuvent dire sur moi, tous les projets que les gens nourrissent contre ma modeste personne, je le prends comme quelque chose de normal. C’est le prix à payer pour celui qui veut servir le bien commun.
Monsieur le VPM, pour clore notre entretien, pouvez-vous nous dire, ce qui s’est réellement passé lors de votre passage à l’assemblée nationale le 21 Novembre 2016 ?
Premièrement, je suis passé à l’émission vendredi politique quelques jours avant et j’ai énoncé un certain nombre de vérités comme ce que je viens de prononcer devant vous, et cela n’a pas plu à un certain nombre de compatriotes. Et je devais donc passé à la Commission des Finances pour présenter mon maigre budget. Il est vrai que les députés me reprochaient déjà mes propos à l’émission Vendredi politique. Pour cela, ils ont profité d’une petite erreur de mon administration. Cela a suffi pour déclencher une suspension de séance, puis un renvoi de la séance. On a exagéré. J’ai finalement présenté le lendemain mon budget. Et cette fois-ci, les choses se sont très bien passées. On a extrapolé, tout ceci. Les députés sont des compatriotes et des gens respectables. Mais voilà une Assemblée nationale quasiment monocolore à quelque exception près, il faut se réjouir qu’un Ministre vienne un peu animer le débat. Vous savez, lorsqu’on exclut l’opposition d’une Assemblée Nationale, l’opposition nait de l’intérieur du pouvoir parce que la nature a horreur du vide et c’est ce que j’ai voulu rappeler en répondant aux députés du parti du pouvoir que j’étais dans un gouvernement d’ouverture et que j’étais fidèle au Président de la République sous l’autorité du Premier Ministre. J’espère que l’Assemblée Nationale qui sortira en juillet prochain ne sera plus une Assemblée Nationale monocolore. C’est un nouveau cycle politique qui a commencé au Gabon. Malgré les inquiétudes, il y a de quoi rester opportuniste. Le « Gabon actuel » est un monde nouveau qui nait dans les douleurs de l’enfantement. Restons positifs en dépit de tout.