Ce qu’il faut savoir de l’Affaire Pierre Duro – Alain Bâ Oumar 

DIG/ La condamnation, le 6 décembre 2021, avec sursis d’Alain Bâ Oumar, le PDG d’IG Telecom, alimente bien les fantasmes dans une certaine presse et sème la confusion dans l’opinion nationale.

Pourtant, c’est une affaire qui n’émane pas du résultat d’un audit de la Task force sur la dette intérieure. Encore moins d’un conflit opposant la Confédération patronale gabonaise (CPG) à une entité publique, comme veulent le faire croire certains médias.

Et cela, même si les responsabilités actuelles des 2 protagonistes (l’un expert-judiciaire et chef de fil de la Task force sur la dette intérieure, et l’autre président de la Confédération patronale gabonaise (CPG)) peuvent, à juste titre, entretenir la confusion.

Il s’agit, en réalité, d’une affaire strictement privée entre 2 anciens partenaires dans l’entreprise IG télécom : Pierre Duro et Alain Bâ Oumar.

Plusieurs sources au fait de cette histoire nous ont éclairés sur les véritables mobiles de cette affaire. Décryptage. 

Les faits

En 1996, lorsque Alain Bâ Oumar crée la société Internet Gabon, qui deviendra plus tard IG Telecom, il entretenait des liens familiaux avec Pierre Duro qui lui a, à ce titre, organisé un rendez-vous afin de faciliter l’obtention par sa société de l’autorisation de démarrer ses activités en partenariat avec l’Office des postes et télécommunications (OPT).

Huit ans plus tard en 2004, la société a évolué d’un capital initial de 2 millions de FCFA à 400 millions de FCFA.

Ainsi, un nouveau tour de table modifie la composition de son actionnariat qui reste dominé par Alain Bâ Oumar.

A cette occasion, Alain Bâ Oumar décide de céder gracieusement 3% du capital (d’une valeur nominale donc de 12M CFA) à Pierre Duro en reconnaissance pour le service rendu en 1996.

En mai 2013, avec un important contrat qui devait fortement augmenter l’activité de la société, Alain Bâ Oumar propose à Pierre Duro de racheter les 3% d’actions qu’il lui avait donné gracieusement en 2004 à leur valeur de 12 millions. Tout en s’engageant à revaloriser ce paiement en plusieurs tranches par la suite à la conclusion de l’important marché qui était en cours de discussions et devait lui rapporter personnellement de l’argent.

Il signe pour ce faire avec Pierre Duro, un acte de cession immédiat au montant de 12 millions de francs qui va ensuite être enregistré et mis en œuvre selon les formes juridiques prescrites en la matière par un cabinet de la place pour rendre immédiat le rachat des actions par Alain Bâ Oumar.

Un autre accord de cession non daté est signé entre les deux parties sous seing privé et devait être enregistré et mis en œuvre au terme de la négociation de l’important marché attendu et de la mobilisation des fonds y relatifs.

Il prévoyait la revalorisation future du rachat des actions de Pierre Duro par Alain Bâ Oumar à 300 millions de francs au lieu des 12 millions de francs initiaux.

En clair, Alain Bâ Oumar proposait, dès l’aboutissement de démarches en cours relative à un important marché attendu, de payer en plusieurs tranches 300 millions de francs à Pierre Duro pour lui racheter les actions qu’il lui avait donné gracieusement quelques années plus tôt.

Ce deuxième accord, qui devait à son tour être daté et enregistré au terme de son exécution, devait remplacer le premier portant sur la somme de 12 millions de francs.

Respect des engagements

Quelques mois plus tard, en février 2014, Alain Bâ Oumar joint l’acte à la parole et verse à Pierre Duro une avance de 150 millions de francs en 2 chèques Bicig de 75 millions de francs chacun.

Il restait donc à payer 150 millions de francs dès que possible, puis rendre officiel le nouvel accord en l’enregistrant.

Compromis et entente

Cependant, le projet sur lequel était basé cet accord n’est plus allé à son terme. Et Alain Bâ Oumar n’était plus en mesure de solder les 150 millions de francs restant à son ancien partenaire.

Il lui est, alors proposé comme compromis, de lui restituer les 3% d’actions rachetées tout en le dispensant de rembourser les 150 millions de francs encaissés.

Pierre Duro a accepté cette offre généreuse, et formulé la demande que les actions rétrocédées soient, cette fois inscrites, au nom de son épouse actuelle. Ce qui a été fait par le même cabinet juridique sur instructions d’Alain Bâ Oumar, à la suite de quoi tout les documents afférents à cette nouvelle transaction (titres et acte de cession au nom de Mme DURO) on été transmis à Pierre Duro pour signature par son épouse.

Les actions numérotées de 2501 à 6000 ont été inscrites par anticipation sur le registre de la société IG Télécom au nom de cette dernière, qui n’a à ce jour jamais retourné les documents.

Volte-Face

Un an plus tard, en fin 2019, contre toute attente, Pierre Duro réclame à Alain Bâ Oumar la somme restante de 150 millions de Francs CFA, en feignant d’ignorer le compromis trouvé entre les deux parties et exécuté par Alain Ba Oumar pour éteindre cette affaire.

Celle-ci va alors se déporter en septembre 2021 devant le tribunal de Commerce de Libreville auprès duquel Pierre Duro cache l’existence du compromis trouvé avec Alain Bâ Oumar, et réclame la somme de 150 millions de francs restante due dans le cadre de l’accord initial sous seing privé.

Condamnation de Pierre Duro

Selon un extrait de répertoire des jugements de l’audience de lecture du vendredi 17 septembre 2021 du Tribunal de Commerce de Libreville, Pierre Duro a été débouté de toute ses demandes et condamné à payer à Alain Bâ Oumar la somme de 15 millions de francs au titre des dommages et intérêts pour action malicieuse.

Coup de théâtre

Tout aurait pu s’arrêter là. Mais contre toute attente, et à la surprise générale, Pierre Duro, plutôt que de faire appel de la décision du Tribunal de Commerce qui lui était défavorable, décide de déposer une nouvelle plainte cette fois contre X pour faux et usage au Parquet du Tribunal Correctionnel de Libreville, laquelle vient d’aboutir à la condamnation de Mr Bâ Oumar pour « faux et usage de faux ».

Le concerné, par le biais de son avocat, a officiellement fait appel de cette décision.

Il bénéficie donc de la présomption d’innocence, et dit faire confiance à la justice pour la suite de cette affaire commerciale devenue pénale.

 

 

apropos de l auteur

La Redaction

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