DIG/ Alors que la médiation menée par l’Inspection départementale du travail semble aller bon train, les tensions nées du préavis de grève déposé par le Collectif des syndicats de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) soulèvent moult interrogations dans une ville où les murs ont des oreilles.
Le calme est à nouveau perceptible à la Comilog où, le préavis de grève déposé par les six syndicats de l’entreprise réunis au sein d’un Collectif a secoué les relations entre la direction générale et les secrétaires généraux des syndicats. Cette baisse de tension fait suite à la diligence menée par l’Inspection départementale du Travail qui, jouant les pompiers, est parvenue à faire suspendre la grève générale illimitée en recadrant certains points et en invitant les parties aux négociations.
Si cette solution est diversement appréciée à Moanda et au-delà, elle est présentée comme la voie de la « raison » au regard des conséquences qu’une grève aurait enclenchée aussi bien pour les employés que pour l’entreprise.
D’abord, parce qu’elle cadre avec la trêve sociale sollicitée par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema dès sa prise de fonction au lendemain du « Coup de Libération », d’autant que chacun ayant une responsabilité à jouer vis-à-vis de la Transition. Ensuite, parce qu’elle privilégie le fondamental, c’est-à-dire le « dialogue » qui demeure pour beaucoup au sein de la Comilog, l’option la plus absolue. Enfin, parce que laisse-t-on attendre, « une grève ce n’est jamais bon pour les affaires ».
Et pourtant, ces différentes options ont subtilement été ignorées pour privilégier la voie frontale, transposant ainsi le préavis de grève en un conflit d’opposition interpersonnel.
Ce basculement comportemental présenté comme le résultat de l’accumulation de frustrations au sein de la Comilog cache cependant des disparités syndicales, une subtilisation des fondements de revendications salariales au détriment d’autres intérêts, cachés mais qui apparaissent à qui veut les voir sans forcer, et l’intervention des mains noires tapis dans l’ombre hors de Moanda. La dernière possibilité est d’autant plus plausible que la question du conflit ethnique dans une affaire interne à une entreprise raisonne à Moanda comme le chant des oiseaux de la ville qui vous réveille au petit matin.
Le jusqu’au boutisme d’une grève à laquelle nombre des employés consultés par notre rédaction ne reconnaissent pas ; les disparités liées à l’appréciation de la grève d’un syndicat à un autre ; et les velléités comportementales affichés par certains responsables syndiqués- alors que la quête d’une solution est en cours et vivement souhaitée- amènent à à s’interroger sur les réelles intentions de certains défenseurs de travailleurs. Certains parlent même d’un syndicalisme à l’envers, lorsque la voie de la raison individuelle prédomine sur la raison syndicale. Cela va de soi que le vrai problème de la situation n’est pas les 19 revendications posées par les syndicats, mais la tête de l’administrateur directeur général qui est mis à prix et dont la volonté de départ est voilée dans des supputations d’ordres salariaux. On peut donc aisément s’interroger de savoir à qui profite réellement cette grève puisque tout semble claire à la lecture ?
Si nous préférons laisser chacun apprécier la situation et se faire idée du problème, une chose sûre et assez évidente est que la lecture des événements à Moanda oriente vers une autre direction, laissant transparaître une diversion syndicale ou personnelle savamment pensée à d’autres fins.
Les divisions des syndicats lorsqu’il s’agit d’adopter une posture commune, les positions unilatérales de certains secrétaires généraux et l’intervention des forces extérieures à la Comilog, notamment des syndicats étrangers et ignorants au problème, tapis à Libreville, aggravent encore les soupçons de l’intervention des marionnettistes qui quelque part dans le Gabon mettent le feu à la poudrière de la Comilog. A quelle fin ? Faites-vous une idée !