DIG/ A la faveur d’un entretien accordé le 14 décembre 2018 au quotidien L’Union, le directeur général de Total Gabon est revenu sur le bras de fer judiciaire qui oppose la compagnie pétrolière à l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep). Plutôt qu’un affrontement aux conséquences néfastes pour l’économie nationale, Henri-Max Ndong Zué appelle au dialogue, tout en clarifiant la position de Total Gabon sur ce conflit. Selon lui, « l’option de la grève consistant à prendre en otage toute l’industrie pétrolière et à affaiblir l’économie nationale ne résout rien ».
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L’actualité sur Total Gabon est davantage concentrée sur le bras de fer interminable avec l’Onep concernant la réintégration des 6 agents licenciés. Malgré l’intervention des ministres du Travail et du Pétrole, c’est quasiment le statu quo. Pourquoi obstinez-vous à refuser d’appliquer la décision de la justice ? Ne craignez vous pas de renvoyer une image négative de Total Gabon vis-à-vis du public, celle finalement d’une entreprise au-dessus des lois de la république ?
Le 2 août 2018, Total Gabon a annoncé le licenciement de 6 collaborateurs ayant contribué à la mise en danger de nos installations et du personnel travaillant sur les sites concernés en procédant notamment à l’arrêt des équipements de production sans l’accord et le pilotage du chef de site, seule personne habilitée sauf naturellement dans des cas d’arrêt d’urgence bien définis. Ces licenciements sont intervenus après avoir constaté avec regret le refus des collaborateurs concernés de se présenter à l’entretien préalable pour nous permettre de clarifier le rôle joué à titre personnel par chacun d’eux dans la mise en danger des installations. Sur le volet judiciaire, je rappelle qu’à ce jour, aucune décision de justice n’a condamné Total Gabon à réintégrer les employés licenciés et que la décision du tribunal des référés demandant à Total Gabon de surseoir aux licenciements est postérieure à l’effectivité de ces licenciements. Pour autant, Total Gabon conformément à ses valeurs de dialogue et d’écoute a sollicité la médiation du gouvernement. Les auditions menées par le ministère du Travail ont fait ressortir que les opérations décisives d’arrêts des installations des sites ont été effectuées à partir des postes de conduite à distance des installations. Au vu de ces éléments, en tant qu’entreprise citoyenne et responsable nous avons décidé le 19 novembre 2018 de réintégrer avec conservation de leurs droits légaux et avantages sociaux 4 collaborateurs qui n’étaient pas sur lesdits postes. Cela montre notre profond attachement aux valeurs de respect de l’autre et notamment de la loi dès lors qu’elle s’impose à nous.
Face à ce blocage, l’Onep a menacé d’entrer en grève le 11 décembre dernier avant finalement de la suspendre. Comment entrevoyez-vous une sortie de crise rapide ?
Il est important d’appeler chacun des acteurs à prendre ses responsabilités. En premier lieu, vos lecteurs doivent savoir que la grève lancée par l’Onep début juillet 2018 n’était absolument pas nécessaire. En effet, nous avions apporté préalablement à son déclenchement des réponses, jugées aujourd’hui satisfaisantes, aux points sur lesquels se sont cristallisées les discussions. Que ce soit en prenant des engagements en matière de suivi et d’une plus grande transparence dans la gestion de carrières, en acceptant la revalorisation de certaines indemnités sur sites, en laissant la liberté aux collaborateurs d’adopter ou non un nouveau système de rémunération visant une plus grande valorisation de la performance individuelle ou encore en acceptant de diminuer de manière progressive les indemnités de collaborateurs revenant sur Port-Gentil après plusieurs années sur site, amendant ainsi une disposition depuis toujours en vigueur à Total Gabon. Malgré toutes ces avancées et nos appels réitérés au dialogue et à la concertation, l’Onep a en effet choisi de lancer une nouvelle grève. La faible mobilisation lors de la journée de grève observée le 11 décembre semble indiquer que les employés du secteur souhaitent privilégier le dialogue. À Total Gabon, la stratégie menée par l’Onep n’a malheureusement pas permis de traiter certaines demandes légitimes de nos collaborateurs. Pour ce qui est des licenciements de collaborateurs ayant mis en danger la sécurité de nos employés et de nos installations, l’Onep a parfaitement le droit de contester cette décision en justice. L’option de la grève consistant à prendre en otage toute l’industrie pétrolière et à affaiblir l’économie nationale ne résout rien.
( Source : L’Union )