Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2015 au titre de l’article IV avec le Gabon
Communiqué de presse n° 16/81 du 26 février 2016
Le 19 février 2016, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV1 avec le Gabon.
L’économie gabonaise se heurte à une poussée de vents contraires. L’activité économique a bénéficié de l’impulsion ponctuelle donnée en 2015, à la production pétrolière par l’exploitation de nouveaux gisements et une amélioration de la productivité qui devraient permettre à la croissance globale de se maintenir aux alentours de 4 % en 2015. Le ralentissement de l’activité hors pétrole s’est toutefois poursuivi, principalement en raison des secteurs du bâtiment, des transports, du commerce et des services. Ce repli tient aussi en grande partie à la chute des cours du pétrole et des recettes publiques liées au pétrole qui réduit la demande globale et pousse à un important assainissement des finances publiques. Les tensions budgétaires s’intensifient malgré tout, ce qui se traduit par le basculement du solde budgétaire (sur base engagements) d’un excédent de 2,5 % du PIB en 2014 à un déficit de 2,3 % en 2015, un dépassement du plafond du ratio dette/PIB de 35 % fixé par les autorités gabonaises elles-mêmes, et un fléchissement des dépôts des administrations publiques et des réserves internationales. Ce choc important des termes de l’échange affecte aussi la position extérieure qui est passée d’un excédent de 8,3 % du PIB en 2014 à un déficit de 1,9 % en 2015. La hausse des prix à la consommation, qui s’est fortement ralentie au cours de l’année précédente, devrait être pratiquement nulle en 2015.
L’économie gabonaise reste fortement tributaire du pétrole et, de ce fait, les perspectives économiques à moyen terme se sont dégradées parallèlement à la détérioration des perspectives de ce secteur. En 2016, la croissance globale devrait tomber à 3,2 % sous l’effet principalement de la baisse de la production pétrolière. Les investissements de grande ampleur entrepris dans le secteur agricole, surtout dans des cultures de rente comme le palmier à huile et l’hévéa, qui devraient s’accélérer sensiblement en 2017–18, pourraient porter la croissance aux alentours de 5 % à moyen terme. Ce scénario se réalisera à condition que des progrès durables soient enregistrés dans la mise en œuvre de la stratégie de diversification de l’économie nationale, le Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE), dont les priorités doivent être attentivement revues compte tenu des fortes contraintes de financement de la conjoncture actuelle.
Le principal risque baissier pesant sur les perspectives économiques reste un ajustement budgétaire insuffisant à la chute des cours du pétrole. En cas de contreperformance plus marquée que prévu en matière de recettes pétrolières ou de dépenses publiques, les autorités seraient contraintes de puiser fortement dans les réserves ou d’accroître sensiblement l’emprunt. D’autres risques sont liés à des retombées plus fortes que prévu du choc pétrolier sur l’activité économique hors pétrole (y compris le secteur financier), à un affaiblissement de l’économie mondiale, au durcissement des conditions financières internationales ainsi qu’à la fragilité persistante de trois petites banques publiques en difficulté.
Évaluation par le Conseil d’administration2
Les administrateurs notent que la faiblesse attendue des cours du pétrole et la baisse tendancielle de la production pétrolière continuent de mettre à l’épreuve la résilience macroéconomique du pays et pèsent sur ses perspectives de croissance à moyen terme. Ils soulignent qu’il est essentiel de redoubler les efforts en faveur de la diversification économique, de poursuivre l’ajustement budgétaire face au choc pétrolier, de renforcer la stabilité du secteur financier et de dynamiser les réformes structurelles.
Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire d’intensifier les efforts visant à assurer la viabilité budgétaire et extérieure devant la baisse des recettes pétrolières. Dans cette optique, ils s’associent au travail réalisé par les autorités pour maîtriser la masse salariale publique et ils les félicitent d’avoir récemment supprimé les subventions au gazole et à l’essence. Ils soulignent qu’il est important de privilégier des mesures visant à mettre fin à l’érosion de la base de recettes fiscales en limitant les exonérations fiscales et en améliorant l’administration fiscale. Ils estiment qu’il est aussi prioritaire de réduire les dépenses inefficaces au profit de dépenses productives, d’encourager le secteur privé à participer à des projets d’infrastructure et de préserver les dépenses sociales. Les administrateurs saluent les réformes entreprises dans la gestion des finances publiques et encouragent les autorités à adopter les recommandations formulées récemment dans le cadre de l’assistance technique du FMI, y compris le renforcement de la gestion de la trésorerie.
Les administrateurs notent que si le système financier du Gabon est sain dans l’ensemble, il faut remédier sans tarder à la faiblesse financière des banques publiques. Ils insistent sur la nécessité de faire preuve de vigilance à l’égard des interactions macrofinancières qui pourraient amplifier les effets du choc pétrolier. Ils recommandent de surveiller de près les créances improductives en raison des liens étroits qui unissent le secteur pétrolier et les autres secteurs et du rôle important que les projets de l’État jouent dans les résultats financiers du secteur bancaire du Gabon. Les administrateurs encouragent aussi les autorités régionales et nationales à s’attaquer sans tarder au problème des banques publiques en difficulté. Ils soulignent l’importance de l’approfondissement financier et de la diversification économique pour améliorer la résilience du secteur financier.
Les administrateurs insistent sur la nécessité de continuer à encourager la diversification et à réduire la vulnérabilité du pays aux fluctuations des cours du pétrole. Dans cette perspective, ils saluent les progrès accomplis par les autorités dans le développement des infrastructures nationales depuis le lancement de leur programme de diversification économique en 2010. L’accès au financement s’étant réduit, les administrateurs encouragent les autorités à redéfinir les priorités de leur programme de réformes. Ils leur recommandent d’éviter les exonérations temporaires d’impôt qui laminent les recettes fiscales et de privilégier des projets d’infrastructure à fort impact et des réformes structurelles porteuses de productivité, sans oublier de renforcer l’éducation et les institutions et de rendre le marché du travail plus flexible. Les administrateurs encouragent aussi les autorités à intensifier l’intégration intra-régionale et la libéralisation des échanges au sein de la CEMAC.
Les administrateurs invitent à accorder une plus grande priorité à l’amélioration de la qualité et de l’actualité des données macroéconomiques pour renforcer la surveillance.
1 Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.
2 À l’issue des délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d’administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.