DIG/ L’après-Covid-19 et les plans de relance économique font l’objet de toutes les analyses dans les pays du monde.
Malgré sa sortie du gouvernement, l »ancien ministre d’Etat au Budget et aux Comptes publiques, Jean-Fidèle Otandault, reste très attentif aux actions menées par le gouvernement dont il suggère quelques pistes pour relancer la « machine ».
« A la lecture de la loi de finances rectificative adoptée à l’Assemblée national, il apparaît que la baisse des dépenses budgétaires affectera surtout les investissements.
Notre budget sera en baisse de près de 10 % par rapport aux prévisions initiales, en faisant l’hypothèse d’un prix du baril moyen pour l’année en forte baisse (30 USD, contre 57 USD dans la LFI) mais d’un maintien de la production (10,4 millions de tonnes métriques). Les dépenses d’investissement sont réduites d’un quart, mais les dépenses de fonctionnement – et en particulier les salaires des fonctionnaires – sont assurées.
Nous n’avons pas bénéficié de moratoire accordé par le Club de Paris et les pays du G20, mais nous avons pu recevoir une aide d’urgence du FMI. L’endettement du pays devrait également augmenter et passer de 54% à 64% du PIB.
Dans ce contexte, les États doivent tout faire pour éviter un arrêt brutal de l’activité économique sur le continent et consacrer à la réponse sanitaire tous les fonds nécessaires pour limiter la propagation du virus au sein des populations et prendre en charge les personnes nécessitant des soins médicaux.
La crise nous oblige à renforcer davantage notre système de santé et cela devient pour le coup une mesure économique. C’est même la première des priorités économiques. Des sommes importantes ont été consacrées à la santé ces dernières années au Gabon mais l’argent ne suffit pas toujours pour avoir de l’efficacité. C’est pourquoi, à moyen terme, pour mieux soutenir ce secteur, il serait de bonne gestion de procéder à un audit de nos hôpitaux civils, afin d’identifier les marges d’amélioration dans leur organisation et leur fonctionnement. Cela dit, nous devons d’ores et déjà penser l’après-Covid-19.
Cette crise nous apprend une leçon essentielle. Les économies qui subiront les plus lourdes conséquences sont évidemment les économies rentières. Nous alertons depuis plusieurs années déjà, mais il faut espérer que cette fois-ci, le sursaut aura bien lieu. Nous devons absolument diversifier et miser sur d’autres secteurs comme l’agriculture qui doit être à la fois plus intensive tout en étant respectueuse de l’environnement ; les nouvelles technologies et surtout la transformation des matières premières.
L’Afrique est mal intégrée aux chaînes de valeur globales. Elle demeure principalement exportatrice de matières premières et importatrice de produits finis. Nous le voyons par exemple dans la filière bois, le pétrole, le coton ou le café-cacao. C’est un non-sens ! Pour s’en sortir, les pays africains doivent se détacher du rôle qu’ils se sont historiquement octroyés dans la chaîne du système mondialisé actuel, en s’attribuant une autre mission.
Dans ce changement de paradigme, les États doivent jouer pleinement leur rôle, tout d’abord en investissant massivement dans les infrastructures, en collaboration avec des partenaires, bailleurs de fonds, entreprises multinationales et autres. Car les pays africains n’ont pas les budgets nécessaires pour assurer seuls la relance et devront donc compter sur des partenariats publics privés ».