La crise post-électorale que traverse le Gabon pourrait avoir des répercussions sur la capacité du gouvernement à solliciter les partenaires au développement.
Pour Euler Hermes, leader mondial de l’assurance-crédit, ces dernières années le Gabon a accru ses dépenses budgétaires dans le but d’accélérer la diversification de l’économie nationale, trop dépendante du pétrole.
Le pays est ainsi parvenu, entre 2010 et 2015, à diviser par deux le poids des hydrocarbures dans son PIB, mais au prix d’une augmentation de son endettement : « Ainsi, la dette publique gabonaise, qui ne dépassait pas les 30% du PIB en 2013, s’élève en 2015 à 43,9% et devrait se rapprocher en 2016 des 50% », précise Stéphane Colliac, économiste Afrique chez Euler Hermes.
La chute des cours du baril a fragilisé les acquis de cette politique. Le déficit extérieur s’est creusé et les réserves de devises étrangères ont fondu, fait remarquer la compagnie.
« Alors qu’elles couvraient 9 mois d’exportations en juin 2015, les réserves de change ne couvraient plus que 6 mois d’importations un an plus tard. Et avec des réserves de change qui resteront sous pression, des tensions sur la liquidité pourraient apparaître dans les semaines ou les mois qui viennent », ajoute l’économiste.
La crise post-électorale intervient donc au plus mauvais moment pour le pays. Selon Euler Hermes, le tumulte politique qui agite actuellement le Gabon représente, à terme, un réel danger pour la stratégie de diversification entamée par le gouvernement.
« L’incertitude politique n’est guère appréciée par les investisseurs, et joue négativement sur leur confiance. Or, sans ces investisseurs, il sera difficile pour le Gabon de financer la diversification de l’économie nationale», avertit Stéphane Colliac.