Débat sur le Franc CFA : Le regard lucide de l’expert-financier Cédric Achille Mbeng Mezui

DIG/ Au détour de la présentation de son 4e ouvrage intitulé « Libérer le potentiel de l’Afrique », notre compatriote Cédric Achille Mbeng Mezui, fonctionnaire international et expert des systèmes financiers, nous donne son avis sur le débat actuel concernant l’abandon ou pas du Francs CFA.

« Pour ma part, il n’y a pas lieu d’un débat sur le CFA car la monnaie n’est pas une œuvre d’art pour vanter sa beauté, son éternité ou même sa puissance. Quel est l’intérêt de discuter d’un instrument sans discuter des finalités qu’il permet d’atteindre, notamment nos objectifs de politiques économiques ?

En tant que Cemac ou UEMOA, quels sont nos objectifs communs de développement ? Quelle est la stratégie régionale d’industrialisation ? Dans quels domaines souhaitons-nous être leader et à quels horizons ? Avons-nous un objectif de développement commun ou sommes-nous la juxtaposition d’objectifs variés? Une fois nous avons discuté de ces questions, alors on se posera la question de la batterie de mesures et d’instruments qui seront utiles pour atteindre les objectifs visés.

C’est dans ce cadre que la monnaie doit être pensée car il s’agit d’un instrument de politique économique extrêmement puissant. A-t-on besoin d’une monnaie librement convertible et transférable dans des pays sous-développés qui souhaitent accroître l’efficacité du crédit domestique et les facteurs endogènes de production ? L’histoire des pays industrialisés nous enseigne le contraire.

Nous devons investir dans la définition d’un modèle régional de développement avec l’alignement de nos politiques budgétaires, la coordination de l’endettement externe, une mobilité effective de nos citoyens, etc.

Le Maroc et la Tunisie sont sortis de la zone franc dès les indépendances, ils ont des monnaies non convertibles, et pourtant ils capturent plus de capitaux étrangers que nous.

La France y fait aussi plus d’affaires hors secteurs extractifs, etc.

Ce qui compte est que nous décidions en fonction de ce qui est bon pour nous. La crédibilité s’obtient avec des politiques macroéconomiques crédibles ».

 

 

 

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La Redaction

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