Délinquance financière : Daniel Ona Ondo bientôt devant les tribunaux de la Cemac

DIG/ C’est un rapport accablant qui va certainement porter un coup à l’image du Gabon sur la scène sous-régional.

D’après les informations de notre confrère Jeune Afrique, le cabinet Performances a audité la gouvernance de la dernière administration et mis au jour une mauvaise gestion des ressources de l’institution dirigée par l’ancien président de la Cemac, le Gabonais Daniel Ona Ondo.

Les faits relevés devraient déclencher des actions en justice, sous l’égide des ministres de l’Économie de la zone.

Le cabinet constate ainsi une hausse considérable de certains postes de dépenses en 2022, ainsi que sur la première moitié de l’année en cours. Les frais d’hôtel sont multipliés par neuf, et la location des véhicules par dix, tandis que les achats de fournitures de bureau triplent comparativement aux exercices antérieurs.

Performances observe également un recours inconsidéré aux caisses d’avance, pour près de 7 milliards de F CFA (10,7 millions d’euros) entre 2020 et 2023, au mépris du règlement financier.

Ce mécanisme a occasionné toutes sortes de dérives, dont des dépenses non justifiées qui s’élèvent à plus de 8 milliards de F CFA.

Factures fallacieuses

Elles correspondent à des factures payées à plusieurs reprises ou à d’autres, contrefaites ou fictives. Parmi ces dernières, la facture « Dormero Hôtel Bangui » – gérée par Joseph Désiré Ondo Ngoua, l’ancien directeur administratif et financier (DAF) de la commission, et par ailleurs frère de Daniel Ona Ondo – a servi à la location pour cinq jours de trente suites.

Vérification faite par l’auditeur : ledit établissement n’existe tout simplement pas, et aucun hôtel de la capitale centrafricaine n’a jamais contenu autant de suites.

Sur un autre volet, Daniel Ona Ondo est également épinglé dans le document à propos de la sortie, à la fin de 2022, de 21 véhicules du parc automobile de la commission.

Ce sur sa seule décision, sans appel d’offres, ni procès-verbal. L’ex-président de la commission, son ancien directeur de cabinet, ainsi que l’ex-vice-présidente, trois des quatre commissaires, tout comme la représentante du Gabon, le DAF et des personnes ne travaillant pas au sein de l’institution, ont acquis les engins à des prix sans rapport avec leur état et leur valeur, note le rapport.

Dans le détail, Joëlle Rebecca Zoua Ona – la fille de Daniel Ona Ondo, – a déboursé 2 millions de F CFA pour une Toyota Fortuner, achetée 30 millions de F CFA deux ans plus tôt. Le contrôleur financier et le directeur de cabinet ont, eux,  chacun acquis pour 2 millions de F CFA une Toyota Corolla valant 13,5 millions de F CFA en 2020.

Le rapport révèle également que 4,4 milliards de F CFA de « primes exceptionnelles et autres indemnités diverses » ont été distribuées entre le 2 novembre 2022, date de la fin officielle du mandat du gouvernement, et le 6 juin dernier, date de la passation de services. «

Dont 92 %, soit 4 152 864 170 de F CFA répartis entre le président, les membres de sa famille travaillant à la commission, des responsables de la chaine financière et du contrôle/audit », mentionne le document que Jeune Afrique a consulté.

Dépenses familiales

D’autres irrégularités sont observées. Par exemple, le 15 décembre 2022, le Gabonais ordonne la mise à disposition de 35 millions de F CFA au profit de sa fille pour des dépenses portant sur la gestion du cabinet du président durant la période des congés de fin d’année. Une partie de l’enveloppe ayant servi à l’organisation d’un « évènement à caractère privé à Libreville ».

La facture d’achat des vins, champagnes et chocolats affiche 10 millions de F CFA, tandis que l’une des deux factures du traiteur s’élève à plus de 16 millions de F CFA, dévoile le rapport.

Les dérives concernent aussi certaines entreprises prestataires, dont l’auditeur propose à la commission de leur réclamer plus de 1,4 milliard de F CFA payés sans livraisons et sans services assurés. Parmi elles, la gabonaise Société africaine du bâtiment (SABA), chargée de la rénovation du siège à Bangui, qui devra rembourser plus de 640 millions de F CFA, ou la Cameroonian & Belgium Group BTP (CB Group BTP), s’occupant des travaux et équipement des villas de la cité Cemac dans la capitale centrafricaine, à qui plus de 656 millions de F CFA sont exigés.

(Source : Jeune Afrique)

 

 

 

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