Economie gabonaise : Le diagnostic du FMI

Economie gabonaise : Le diagnostic du FMI

(Communiqué de presse du 24 décembre 2015)

Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres.

Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

À l’issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays.

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Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Montfort Mlachila a séjourné à Libreville du 30 novembre au 10 décembre 2015 pour mener les discussions de la consultation de 2015 au titre de l’article IV avec les autorités.

A l’issue de la mission, M. Mlachila a prononcé la déclaration suivante :

« L’effondrement récent des prix du pétrole met à dure épreuve la résilience macroéconomique du Gabon. Comme la production de pétrole représente environ un tiers du PIB, 45 % des recettes publiques, ainsi que près de 85 % des exportations en 2014, la baisse de 40 % des prix internationaux du pétrole depuis 2014 (en francs CFA) constitue un choc de grande envergure pour l’économie gabonaise ».

« Il est maintenant prévu que la croissance économique tombe à 4,0 % au Gabon en 2015, soit en deçà des quasi 6 % observés sur la période 2010–14. Cette année, la croissance a été portée par la production pétrolière, qui devrait progresser de 8 % grâce à l’ouverture de nouveaux puits et à des améliorations de la productivité de champs arrivés à maturité. Cependant, la baisse des prix et des recettes du pétrole a incité le secteur public à freiner les dépenses plus rapidement que prévu, et les compagnies pétrolières réduisent nettement leurs dépenses de prospection et de fonctionnement. En conséquence, l’activité dans le BTP, les transports, le commerce et les services a ralenti, et la croissance non pétrolière devrait tomber à 4,0 % en 2015. L’inflation a fléchi nettement au cours de l’année écoulée et devrait avoisiner 0 % cette année ».

« La nouvelle perspective souligne le nécessité pour le pays de diversifier son économie, notamment par la mise en œuvre du Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE), mais impose aussi des contraintes de financement plus importantes. En dépit d’un ajustement budgétaire considérable depuis le 2e semestre de 2014, la baisse des prix pétroliers et l’impact sur le PIB nominal et les recettes budgétaires ont fait passer la dette publique au-dessus du plafond de 35 % que le gouvernement s’est imposé pour le ratio dette/PIB, et ont entraîné une diminution des dépôts de l’État et des réserves de change. Le solde des transactions extérieures courantes est passé d’un excédent d’environ 8 % du PIB à un déficit de 2 % du PIB ».

« La mission a pris note avec satisfaction du récent projet de loi de finances 2016 et du cadre budgétaire à moyen terme. L’ajustement budgétaire supplémentaire qui est envisagé s’avérera difficile, car il ne vise que des augmentations modérées des dépenses courantes et des réductions des dépenses d’investissement. Pour préserver le niveau des investissements publics prévu dans le PSGE, les autorités devraient élargir l’assiette de l’impôt en réduisant les exonérations fiscales et les dépenses fiscales, maîtriser la masse salariale, qui est très élevée, passer en revue et modifier l’ordre de priorité des projets de grande envergure ayant des répercussions économiques limitées à moyen terme, et privilégier des financements privés sur la base des partenariats publics-privés à partir d’une législation appropriée. Étant donné le recul des prix du pétrole, il sera probablement nécessaire, au début de 2016, d’adopter des mesures fiscales supplémentaires et d’agir de manière résolue pour s’attaquer à la croissance de la masse salariale et réduire davantage les subventions aux carburants ».

« Si les autorités peuvent continuer de consacrer des ressources suffisantes au PSGE, la croissance globale pourrait rebondir et avoisiner 5 % en moyenne sur la période 2016–20. Un ajustement budgétaire insuffisant dans un contexte de prix du pétrole bas constitue le risque principal pour ces perspectives. Des dépenses plus élevées que prévu dans le budget ou des prix du pétrole inférieurs aux prévisions forceraient les autorités à puiser abondamment dans leurs dépôts et/ou à emprunter beaucoup plus. Un impact plus marqué que prévu de la baisse des prix du pétrole sur l’activité économique hors pétrole constitue un risque important ».

« Le système bancaire gabonais apparaît sain, avec des niveaux agrégés de fonds propres et de liquidités adéquats. La mission a noté des vulnérabilités financières dans trois banques publiques. Les risques pesant sur le système bancaire semblent néanmoins contenus, car ces trois banques sont de taille relativement petite et ont des liens limités avec le reste du secteur financier. Cependant, ces risques devraient être réglés à court terme, et auront probablement des coûts budgétaires. Au-delà des mesures récemment adoptées par les autorités pour stabiliser la situation des banques, des actions supplémentaires concertées de la part des autorités monétaires et du gouvernement sont nécessaires pour résoudre de manière définitive les problèmes des trois banques publiques ».

« Avec la baisse des prix du pétrole qui pèse sur l’activité du secteur privé, il convient de maintenir autant que possible les objectifs du PSGE en matière de croissance et de diversification. La priorité doit être la poursuite à la fois des réformes structurelles et les efforts pour accroître la compétitivité et la productivité, notamment en renforçant l’éducation, les infrastructures et les capacités institutionnelles, plutôt que le recours à des incitations fiscales couteuses pour attirer les investisseurs. En outre, il convient d’accélérer les réformes du climat des affaires conformément au plan d’action déjà établi avec la Société Financière Internationale. Enfin, le Gabon devrait plaider en faveur d’un approfondissement de l’intégration régionale et explorer les possibilités de synergie relatives aux projets d’infrastructures en cours dans les pays voisins ».

« Le Conseil d’administration du FMI devrait examiner le rapport des services relatif aux consultations au titre de l’article IV en février 2016. La mission du FMI tient à remercier les autorités gabonaises des entretiens constructifs et de leur hospitalité pendant son séjour à Libreville ».

La mission a eu des entretiens avec M. Daniel Ona Ondo, Premier Ministre ; M. Régis Immongault, Ministre du Développement Durable, de l’Economie, de la Promotion des Investissements et de la Prospective ; M. Christian Magnagna, Ministre du Budget et des Comptes Publics ; des membres de la Commission des finances de l’Assemblée nationale ; ainsi que d’autres hauts fonctionnaires, des représentants du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement.

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La Redaction

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