DIG/ On en sait désormais un peu plus sur le silence des autorités concernant le non-règlement de la 1ère tranche des 160 milliards de francs promis pour le 28 février 2018 aux PME dans le cadre de l’apurement de la dette intérieure.
Selon des sources proches du dossier, le Fonds monétaire international aurait catégoriquement désapprouvé cette démarche et menacerait, même, d’interrompre son appui budgétaire et celui des autres bailleurs de fonds au Gabon.
« Le Club de Libreville n’est pas prévu dans la projection triennale et négociée avec le FMI dans le cadre de l’appui budgétaire. Cela risquerait d’interrompre le programme triennal très utile pour soutenir la relance de l’économie nationale », nous indique notre source.
Le ministre d’Etat en charge du Budget et des Comptes publics Jean-Fidèle Otandault, et son collègue de l’Economie, Régis Immongault, seraient actuellement en négociation avec le FMI pour faire approuver cette démarche.
« Des négociations sont actuellement en cours avec les autorités car le Club de Libreville a surtout pour objet d’apurer la dette intérieure en vue d’une relance immédiate de l’économie nationale. Mais ceux qui se sont avancés sur des dates n’ont pas pris en compte cette dimension », poursuit notre source.
Pour faire pression sur le gouvernement, le Fonds aurait déjà mis son véto pour le déblocage des prochains échéanciers financiers conclus avec le Gabon.
L’exécutif devrait donc, au plus vite, trouver une solution car les conséquences d’une suspension de l’appui budgétaire du FMI auront tout simplement des conséquences désastreuses pour le pays.
Pour l’instant, ni le président de la CPG, Alain Bâ Oumar, ni le président du Club de Libreville, Henri-Claude Oyima, encore mois les ministres du Budget et de l’Economie n’ont souhaité s’exprimer publiquement sur la question, malgré les nombreuses sollicitations des journalistes. Laissant pointer un doigt accusateur vers le directeur de cabinet du Président de la république Brice Laccruche Aliahanga qui, dit-on, serait l’initiateur de ce mode de règlement de la dette intérieure sans au préalable avoir consulté les ministres financiers et le FMI.
Cacophonie * En effet, on se souvient que la présidence de la République avait annoncé, le 9 février 2018, à la surprise générale, la signature d’une convention de règlement définitif de sa dette intérieure – celle due par l’Etat aux entreprises locales – avec un ensemble de créanciers constitués sous la forme d’un Groupement d’intérêt économique (GIE), dénommé « Club de Libreville » et dont le chef de file est le groupe BGFI Bank.
Le règlement portait sur un montant de 310 milliards FCFA, soit 77 % du montant total de la dette initiale évaluée à 400 milliards FCFA.
177 PME gabonaises regroupées au sein de ce GIE dont les créances sont inférieures à 2 milliards de francs avaient été répertoriées.
Un premier paiement « immédiat » de 160 milliards de FCFA devait intervenir d’ici fin février sous la forme d’un financement bancaire versé au GIE. Le reste de la créance, soit 150 milliards FCFA, devrait faire l’objet d’un rachat par les institutions bancaires ou financières locales « dans un délai d’un mois ».
Risque* Pour rappel, l’appui des bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque mondiale, AFD, BAD) au Programme de relance économique du Gabon se chiffre à 1350 milliards de francs sur la période 2017-2019.
Elle se répartit comme suit : 617 milliards de francs pour la seule année 2017; 420,1 milliards de francs pour 2018 ; 228,7 milliards de francs pour 2019 et un additif de 29,3 milliards de francs en 2020.
Concernant le règlement de la dette intérieure, le ministre d’Etat en charge du Budget et des Comptes publics, Jean-Fidèle Otandault avait pourtant annoncé, dans un entretien accordé le 28 décembre 2017 au quotidien L’Union, que le gouvernement va consacrer 534 milliards de francs en 2018 pour le règlement de la dette intérieure.
Selon Jean-Fidèle Otandault, 368 milliards de francs avaient déjà été injectés en 2017 au profit des entreprises. Une dynamique qui se poursuivra en 2018, avait t-il affirmé. Jusqu’à l’intrusion mystérieuse du Club de Libreville à l’origine de la pagaille actuelle.