Faut-il craindre le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) ?

DIG/ L’entrée en vigueur de la zone de libre-échange africaine (Zlecaf) va inclure une ouverture totale des frontières aériennes.

A telle enseigne que beaucoup de professionnels du secteur craignent la mort prématurée de plusieurs compagnies nationales, fautes de ressources financières suffisantes pouvant concurrencer certains mastodontes africains subventionnés à coup de milliards de francs par leur gouvernement respectif.

Pour l’administrateur général d’Afrijet -la première compagnie aérienne de l’espace Cemac- Marc Gaffajoli, cette situation pourrait précipiter beaucoup de fleurons nationaux au crash inévitable, si rien n’est strictement encadré.

« Le MUTAA (Marché unique du transport aérien africain) est un beau projet. Mais, de garde, ne soyons pas naïfs. Si on ouvre totalement le marché, ce sont les plus gros acteurs qui vont l’emporter et il faudra peut-être un jour demander à Addis ou à Kigali de bien vouloir ouvrir Libreville – Oyem.

L’Union Africaine pourrait s’inspirer de ce qui a fonctionné ailleurs : le marché unique européen. La règle d’ouverture du marché a été mis en place en même temps qu’une autre règle fondamentale : toutes les compagnies européennes ont été privatisées. Le marché n’est ouvert qu’aux compagnies détenues en majorité par des capitaux privés.

Il faut faire de même avec les compagnies nationales africaines pour que tout le monde ait les mêmes chances dans la compétition. Notre secteur souffre trop des lignes opérées à perte, qui déstabilisent l’économie du transport aérien africain.

Par exemple, la règle de la « cinquième liberté » (le droit pour une compagnie de relier deux États étrangers sans passer par sa base) doit faire l’objet d’une meilleure régulation économique. Entre Libreville et Douala, les compagnies ont une offre cumulée de 8800 sièges mensuels pour seulement 4000 passagers.

Et on prévoit visiblement d’accepter de nouveaux opérateurs… Cela n’a pas de sens ! Un marché libre, ce n’est pas un marché anarchique ou la sur-offre et le dumping sont possibles.

Nous, opérateurs nationaux, ne sommes pas consultés dans ces choix, sur lesquels nous sommes en situation d’apporter des éclairages », a indiqué Marc Gaffajoli dans un entretien exclusif accordé au quotidien « L’Union ».

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La Redaction

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