« Gabon et perspectives : renforcer nos acquis et tirer le meilleur de notre potentiel »

La Chronique

de

Jérémie Ayong Nkodjie Obame*

« Chaque vendredi, nous faisons le point sur les évolutions du marché pétrolier international et leurs conséquences sur le Gabon et les Gabonais.

Cette semaine, le baril de Brent a oscillé autour des 64 dollars, tandis que le WTI s’est maintenu à environ 60,5 dollars. Des niveaux quasi identiques à ceux de la semaine précédente. La tendance de moyen terme, elle, reste orientée à la baisse, même si les facteurs explicatifs évoluent.

Dernier en date : le mégaprojet de loi budgétaire aux États-Unis, qui prévoit notamment de prolonger les crédits d’impôt massifs accordés sous l’ère Trump. D’après plusieurs analystes, cette mesure pourrait creuser le déficit fédéral de 2 000 à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie, avec un effet d’entraînement négatif sur la croissance américaine ; et donc sur la demande mondiale en pétrole.

Autre signal baissier : des rumeurs persistantes au sein de l’OPEP+ évoquent une hausse de production plus importante que prévu dès juillet, susceptible d’alourdir l’offre mondiale et d’exercer une pression supplémentaire sur les prix.

Seul contrepoids possible à court terme : l’impasse des négociations nucléaires entre l’Iran et les États-Unis. En cas d’échec, la Maison Blanche pourrait réactiver un train de sanctions renforcées contre Téhéran. Or, l’Iran (neuvième producteur mondial de brut en 2023 et détenteur des troisièmes réserves prouvées au monde) reste un acteur majeur du marché. Toute réduction forcée de son offre pourrait faire remonter les cours.

Au Gabon, l’actualité pétrolière a été marquée par le verdict rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) dans le différend territorial opposant notre pays à la Guinée équatoriale depuis 1970. La CIJ a tranché en faveur de notre voisin, confirmant la souveraineté équato-guinéenne sur les îlots de Mbanié, Cocotiers et Congo situées dans la baie de Corisco, une zone maritime potentiellement riche en hydrocarbures.

Dans ce contexte, il est impératif que le Gabon optimise la gestion de son secteur pétrolier existant. Cela passe par une meilleure gouvernance, des partenariats stratégiques plus équilibrés, une fiscalité incitative mais rigoureuse, et une politique d’exploration plus proactive. Il nous faut tirer le meilleur de chaque baril produit, en termes de revenus, d’emplois et de retombées locales.

Mais au-delà du pétrole, notre pays doit accélérer sa diversification économique. Le gaz naturel, les mines, les énergies renouvelables, l’agriculture et la transformation industrielle sont autant de leviers pour bâtir une économie plus résiliente et à plus forte valeur ajoutée. Monter en gamme, investir dans les filières porteuses, former les talents et attirer les capitaux : telle devrait être notre feuille de route.

Nous restons optimistes car le Gabon dispose de ressources, d’un potentiel humain et géographique considérable. Il lui revient désormais de transformer ces atouts en opportunités concrètes pour son développement ».

  • Jérémie AYONG NKODJIE OBAME, est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
  • Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
  • En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.

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