DIG/ Dans un entretien exclusif accordé, le 1er juin 2018, au quotidien « L’Union », le directeur général des Hydrocarbures, Bernadin Mvé Assoumou, donne les raisons de la hausse continue des prix des carburants depuis 3 mois successifs.
« Les raisons qui sont à la base de cette évolution sont les suivantes : le gouvernement a décidé d’indexer les prix des produits pétroliers aux variations des cours sur le marché international.
Cette indexation fait que lorsque les cours du pétrole brut augmentent, les prix des produits pétroliers à la consommation doivent également augmenter. C’est une décision qui entraîne des engagements vis-à-vis des institutions internationales, en l’occurrence le FMI.
Chaque fois que nous n’avons pas fait cela, ceci a entraîné ce que nous appelons la stabilisation. C’est-à-dire, la subvention par l’Etat des produits pétroliers. Donc depuis plusieurs années, la répercussion de l’évolution des cours sur le marché international n’a pas été intégrale sur les prix sur le marché local. Ceci a entraîné effectivement des stocks de stabilisation, donc des dettes de l’Etat vis-à-vis des acteurs qui nous vendent les produits sur le marché.
Çà pesait déjà lourd. Mais l’Etat a pris l’engagement aussi de soutenir certains produits dont le gaz butane et le pétrole lampant. Seulement pour cet effort de l’Etat, nous pouvons faire 2 observations : La première, c’est que pour le gaz butane, les prix sont subventionnés pratiquement au double. Aujourd’hui, vous achetez une bouteille de gaz à 5450 francs, mais le prix réel auquel on devrait le vendre sur le marché est au-délà de 10 000 francs. L’Etat subventionne donc le reste.
Deuxièmement, le problème, c’est que sur le marché, on constate des ventes informelles du fait que tout autour de nous le prix moyen d’une bouteille de gaz se situe autours de 7000 francs. Ça veut dire qu’au Gabon, on vend moins cher que partout ailleurs. Et cela entraîne effectivement des ventes à l’export informel dans la sous-région. Notamment en Guinée équatoriale où la bouteille de gaz coûte pratiquement 15 000 francs et au Cameroun 7000 francs. Ce qui a eu pour conséquence d’alourdir davantage la subvention sur ce produit social.
Pour ce qui concerne le pétrole lampant ou industriel, il y a encore des déviations. Le pétrole lampant lorsque vous voyez la population ciblée, elle n’en profite pas. Ce sont les industriels qui viennent acheter le pétrole au bas prix pour aller le mélanger avec d’autres produits afin de le vendre plus cher. C’est ce qu’on appelle le frelatage. Mais malgré cela, l’Etat continue toujours de subventionner ce produit.
Aujourd’hui, nous devons faire en sorte que les populations s’habituent, comme dans les pays industrialisés, à des prix des produits à la pompe qui varient en fonction des cours internationaux du pétrole. »
Bernadin Mve Assoumou (L’Union du 2 juin 2018)