« Il existe un système de détournement des fonds issus des emprunts publics » (Willy Ontsia)

DIG/ Le niveau d’endettement du Gabon et la frénésie des emprunts de l’Etat sur les marchés internationaux ne finissement pas de susciter des réactions des professionnels de la finance.

Dans un entretien exclusif accordé à notre confrère « Echos du Nord », l’Expert Financier en Banque et Marchés de capitaux et ancien directeur général de la BVMAC, Willy Ontsia, a donné son point de vue sur la question.

 » La progression vertigineuse de la dette publique gabonaise ne s’est pas accompagnée d’un niveau d’infrastructures et d’équipements en adéquation avec l’endettement de l’Etat qui, en contrepartie, a hérité d’une dette publique abyssale et faramineuse qui se matérialise notamment par de nombreux éléphants blancs, des impayés de dettes, des dépenses fictives et des règlements surfacturés.

Par conséquent, nous comprenons aisément que la levée d’emprunt auprès des bailleurs de fonds internationaux et autres institutions financières est devenue un « business d’Etat », c’est-à-dire une source lucrative de détournement des deniers publics et un mode d’enrichissement illicite pour les autorités corrompues en charge des finances publiques, et ceci au mépris des générations futures qui paieront la facture », a indiqué l’expert financier.

Système mafieux

« Le système de détournement des fonds issus des emprunts publics est bien connu.

Il passe par le montage d’un dossier de demande de crédit auprès d’un établissement de financement souvent motivée par une situation réelle donnée, à l’exemple de la réhabilitation des bassins versants des quartiers sous-intégrés.

Et après étude par l’organisme financier, le prêt est accordé par la banque prêteuse à l’Etat gabonais emprunteur.

Ensuite, les fonds prêtés sont transférés sur un compte au nom de l’Etat gabonais domiciliés le plus souvent à la Banque Centrale (BEAC. NDLR : Banque des Etats de l’Afrique Centrale).

Une fois que l’argent est positionné sur le compte de l’Etat à la BEAC, les autorités gabonaises compétentes prennent le relais et c’est à ce moment que commence la mafia orchestrée par les fins limiers de l’administration gabonaise.

Ainsi, une grande parties des fonds empruntés sont exfiltrés du compte de l’Etat gabonais depuis les livres de la BEAC via des paiements directs à des sociétés pré-listées, sans jamais passer par le processus d’appel d’offres, et en évitant les procédures de paiement Trésor public.

Puis une autre partie des fonds empruntés par l’Etat est virée dans les caisses du Trésor public pour payer des dépenses mafieuses pré-listées et souvent hors budget. Au final, la République écope d’une dette colossale dont elle ne verra jamais les retombées », a t-il conclu.

 

 

 

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La Redaction

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